Afrique
Eswatini
-
Classement 2024
85/ 180
Score : 58,31
Indicateur politique
84
49.13
Indicateur économique
106
41.25
Indicateur législatif
131
47.31
Indicateur social
78
64.29
Indicateur sécuritaire
38
89.58
Classement 2023
111/ 180
Score : 52,66
Indicateur politique
126
46.61
Indicateur économique
111
43.98
Indicateur législatif
137
45.28
Indicateur social
122
56.01
Indicateur sécuritaire
91
71.44

L'ex-Swaziland, devenu Eswatini par décret du roi en 2018, est une monarchie absolue qui empêche les journalistes d’exercer leur travail de manière libre et indépendante. 

Paysage médiatique

Les médias audiovisuels sont intégralement contrôlés par le pouvoir, à l’image de la seule télévision privée du pays, qui appartient à la famille royale. La quasi-totalité des organes de presse sont également contrôlés, directement ou indirectement, par l’autocratique monarque Mswati III, au pouvoir depuis 1986. 

Contexte politique

L’ingérence de la monarchie dans l’information est très importante, et le pouvoir n’hésite pas à faire surveiller les journalistes et à infiltrer les rédactions. La ministre de l'Information et des Nouvelles Technologies n’est autre que l’une des filles du roi. Celui qui écrit les discours de Mswati III est également rédacteur en chef du plus vieux et plus populaire journal du pays. En juillet 2022, le Premier ministre a publié un arrêté qualifiant le média en ligne sud-africain Swaziland News et son rédacteur en chef d’“entités terroristes”, après des accusations “d'incitation à la violence, à l'incendie de biens publics et d'État, à la prise du pouvoir de l'État et au renversement du gouvernement légitime”. En janvier 2024, le roi a de nouveau accusé le journaliste de promouvoir l'agenda de ce qu'il décrit comme une entité terroriste, les Swaziland International Solidarity Forces (SISF). 

Cadre légal

Au royaume de Mswati III, toute critique de la monarchie est passible de procès et de lourdes peines. Alors que des dizaines de lois liberticides musèlent la liberté d’expression et d’information, la justice sert souvent d'instrument pour affaiblir le journalisme. Un projet de loi sur la cybercriminalité prévoit des amendes de plusieurs centaines de milliers de dollars et jusqu’à 10 ans de prison pour la diffusion de “fausses nouvelles” ou d’informations portant atteinte à l’image du pays.

Contexte économique

Il n’existe quasiment aucune possibilité de produire de l’information indépendante de manière viable, du fait que l’existence même des médias est conditionnée à leur alignement à la défense de la monarchie.

Contexte socioculturel

Pour garder leur liberté de ton, les journalistes sont contraints de s’exiler. La culture du secret, omniprésente, rend difficile l'accès à l'information. La plupart des médias ont également été fortement critiqués pour leur soutien à la monarchie lors des violentes manifestations pro-démocratie, en 2021. 

Sécurité

Les journalistes sont régulièrement arrêtés et victimes de violences. Plusieurs exemples illustrent ces pratiques : en février 2022, le véhicule de livraison du Times of Swaziland, quotidien qui s’efforce de garder son indépendance, a été détourné et incendié dans l’objectif sans équivoque de semer la peur chez les journalistes. En 2021, deux journalistes sud-africains ont été menacés par arme à feu et arrêtés en marge de manifestations. Un an plus tôt, deux rédacteurs en chef de sites d’information ont été arrêtés puis contraints de s'exiler après avoir critiqué le roi. L’un d’entre eux a été torturé durant sa détention. En 2017, un journaliste d’investigation a été menacé de mort et s’est exilé en Afrique du Sud après avoir publié un article révélant l’implication du roi dans une affaire de corruption. Son journal a été fermé sur ordre du monarque.