Paul Kamara croupit en prison pour vices de procédure

Paul Kamara s'est vu refuser sa demande de mise en liberté provisoire par le juge Akiiki Kiiza. Ce dernier s'est opposé à sa libération arguant de détails administratifs infiniment futiles. Ainsi, pour des vices de procédure qui relèvent plus de la bagatelle que d'une décision juste, Paul Kamara croupit toujours en prison. Le 22 avril 2005, le juge a rejeté une demande de remise en liberté prétextant que le rédacteur en chef de For Di People ne l'avait pas signée en personne. En effet, le 15 mars dernier, sa femme avait signé cette lettre par procuration. Son avocat, Me. Joseph O.D Cole, a déclaré vouloir faire appel de cette décision. Paul Kamara, qui entretenait depuis longtemps des relations tendues avec les autorités, a été condamné en octobre 2004 à quatre ans de prison en vertu de la loi de 1965, dont l'Association des journalistes de Sierra Léone (SLAJ) en collaboration avec la LAWCLA (Lawyers Centre for Legal Assistance) ne cesse de dénoncer l'application. ------------------------- 2.03.2005 - Paul Kamara transféré dans une cellule de haute sécurité Dans une lettre adressée au représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Sierra Leone, Reporters sans frontières s'inquiète des informations selon lesquelles le directeur du quotidien For Di People, Paul Kamara, a été transféré dans une cellule de haute sécurité où l'ancien chef rebelle Foday Sankoh avait été détenu jusqu'à sa mort en 2003. L'organisation demande au chef de la Mission des Nations unies en Sierra Leone (MINUSIL) de « faire la lumière sur ces informations et, le cas échéant, de garantir à Paul Kamara ses droits de prisonnier ». Selon les informations reçues par Reporters sans frontières, quatre agents de l'administration pénitentiaire auraient fait irruption dans la cellule du journaliste, dans la soirée du 22 février peu après 20 heures. Les quatre hommes auraient tenté de le traîner jusqu'à une cellule où l'ancien chef rebelle Foday Sankoh avait été détenu, jusqu'à la date de son décès. Selon nos sources, cette cellule n'est utilisée que pour la détention de détenus dangereux. Paul Kamara a refusé d'être transféré. Cette irruption brutale intervenait quelques jours après qu'une perquisition avait été menée dans la cellule du journaliste, sans que l'on puisse en déterminer le motif. Ses réserves de nourriture auraient alors été confisquées. Après ce premier échec, l'administration pénitentiaire serait quand même parvenue à transférer le prisonnier le 25 février dans la cellule de haute sécurité, où il serait actuellement détenu à l'isolement. Dans sa lettre au chef de la MINUSIL, Reporters sans frontières exprime « sa grave inquiétude devant ces manœuvres clandestines, indignes d'une démocratie ». « Non seulement Paul Kamara est, à nos yeux, détenu pour des motifs fallacieux, mais il semble qu'il fait désormais l'objet d'une campagne de harcèlement qui va bien au-delà d'une procédure judiciaire, a écrit l'organisation. S'il s'avérait exact que le journaliste a été traité comme un criminel dangereux et est désormais placé à l'isolement, dans la cellule où le chef du RUF (Revolutionary United Front) a été emprisonné, cela représenterait une violation grossière des droits humains et une atteinte à la liberté de la presse d'une gravité extrême. » Reporters sans frontières a enfin réitéré son appel solennel à la libération immédiate de Paul Kamara, condamné en octobre 2004 à quatre ans de prison pour « diffamation séditieuse » dans un procès qui l'opposait au chef de l'Etat. Le président Ahmed Tejan Kabbah avait attaqué le journaliste en justice, après la publication dans l'édition du 3 octobre 2003 de For di People d'un article intitulé : « Speaker of Parliament challenge ! Kabbah is a true convict ! » (« Défi au porte-parole du Parlement ! Kabbah est un vrai inculpé ! »). Celui-ci rapportait qu'en 1968, une commission d'enquête avait reconnu l'actuel président de la République, alors ministre de l'Economie, coupable de fraudes. For Di People avait alors qualifié d'anticonstitutionnelle la position du porte-parole du Parlement, selon laquelle le statut du chef de l'Etat lui garantit l'impunité contre toute condamnation.
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Updated on 20.01.2016