Papouasie-Nouvelle-Guinée : le gouvernement envisage de bloquer Facebook

Le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a annoncé la semaine dernière vouloir interdire Facebook sur le territoire national pour au moins un mois. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’intention des autorités de restreindre brutalement l’accès à l’information.

Coup de massue pour la population et les médias papouasiens : le ministre des Communications, Sam Basil, a annoncé le 28 mai vouloir bloquer l’accès au réseau social Facebook pour un mois ou plus afin d’identifier et d’exfiltrer les utilisateurs qui se cacheraient derrière de faux comptes ou qui publieraient des “informations fausses ou diffamatoires”. Pour les observateurs, l’intention du gouvernement d’interdire Facebook révèle sa volonté de réduire au silence les voix critiques qui s’expriment en ligne, et notamment les accusations de corruption qui pèsent contre lui.


“Nous appelons les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée à ne pas s’engouffrer dans cette voie dangereuse pour la liberté d’information. Interdire l’accès au réseau social priverait l’accès à une information indépendante à près d’un million d'utilisateurs Internet, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Plutôt que de recourir à une censure brutale, le ministère des Communications devrait inciter les plateformes numériques à être plus transparentes et responsables dans la régulation de leurs contenus.”


Les déclarations du ministre Sam Basil ont suscité un débat d’autant plus vif en Papouasie-Nouvelle-Guinée que l’homme politique a largement transformé son discours sur l’impact des réseaux sociaux sur la société papouasienne. En effet, avant que cet ancien membre de l’opposition se soit vu offrir un poste au sein du gouvernement, il avait félicité le travail des blogueurs dénonçant la corruption du pouvoir sur Facebook.


Ironiquement, des étudiants papouasiens basés en Chine, où Facebook est bloqué depuis 2009 et où on ne peut y accéder qu’à l’aide d’un réseau virtuel privé, ont condamné cette mesure éventuelle qui les empêcherait de rester informés sur la situation de leur pays.


En chute de deux places dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF, la Papouasie-Nouvelle-Guinée se situe en 53e position sur 180 pays.

Publié le
Updated on 23.08.2019