Le procès de la journaliste irano-américaine, Roxana Saberi, s'est ouvert le lundi 13 avril, pour "espionnage" qui est le chef d'inculpation retenu à l'encontre de la plupart des journalistes arrêtés en Iran. Elle risque jusqu'à la peine de mort.
Le procès de la journaliste irano-américaine, Roxana Saberi, s'est ouvert le lundi 13 avril. Ali Reza Jamshidi, porte-parole de la justice iranienne, a déclaré que la journaliste était accusée d' « espionnage pour le compte de l'étranger, (...) des Etats-Unis ».
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10.04.2009 - Quand informer rime avec espionner
Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude suite à l'inculpation de la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, le 9 avril 2009, pour espionnage, par le vice-procureur, Hassan Zare Dehnavi, plus connu sous le nom de Hassan Haddad, qui a déclaré que « Roxana Saberi avait reconnu les charges retenues contre elle ».
« Les autorités iraniennes usent et abusent de ce chef d'inculpation pour arrêter les journalistes et museler ainsi davantage la liberté d'expression », a déclaré l'organisation, qui réitère son appel à la libération de la journaliste irano-américaine.
L'arrestation de Roxana Saberi a été révélée aux médias par la radio américaine NPR le 1er mars 2009, suite à un appel de la journaliste à son père, le 10 février. Le lendemain, les autorités iraniennes ont confirmé sa détention à la prison d'Evine de Téhéran. Le 2 mars, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hassan Ghashghavi, a déclaré que Roxana Saberi travaillait "illégalement" en Iran. Le 3 mars, Alireza Jamshidi, porte-parole de l'Autorité judiciaire, a précisé que « la journaliste avait été arrêtée sur ordre du tribunal de la révolution de Téhéran et incarcérée à la prison d'Evine ».
Roxana Saberi est née et a grandi aux Etats-Unis. Elle vit depuis six ans en Iran, où elle a travaillé comme pigiste pour la radio NPR de 2002 à 2006. Elle a également collaboré avec la BBC et Fox News. Reza Saberi, père de la journaliste, avait déclaré à Reporters sans frontières que depuis 2006 sa fille ne travaillait plus pour les médias. Sans accréditation, elle n'avait plus accès à l'information. Il affirme que « ses écrits n'étaient que des notes personnelles et des commentaires sur des sujets culturels et littéraires, en vue d'écrire un livre sur l'Iran. Depuis 2006, elle se concentrait sur l'étude de la langue persane et de la culture iranienne dans une université de Téhéran. »
En 2000, l'ayatollah Khamenei a ordonné de réprimer les journaux et les journalistes indépendants, accusés de « collaboration et d'être le foyer interne des ennemis ». L'accusation d'espionnage est le chef d'inculpation retenu à l'encontre de la plupart des journalistes arrêtés et emprisonnés en Iran. Ainsi, Adnan Hassanpour, Mohammad Hassin Falahieh Zadeh, Mohammad Sadegh Kabodvand sont aujourd'hui détenus pour ce motif. Dans le passé, ce fut le cas également de Siamak Pourzand (en 2000), Hossein Ghazian (en 2004), Parnaz Azima (en 2006), Mehrnoushe Solouki (en 2007), Yosef Azizi Banitrof (en 2008). Tous ont été condamnés pour espionnage par Hassan Haddad et par son chef Said Mortazavi. La plupart ont reconnu les charges retenues contre eux suite à des pressions physiques et psychologiques.
Malgré ses responsabilités officielles, le juge Hassan zare Dehnavi continue à se faire appeler Hassan Haddad. Dans les années 1980, Hassan zare Dehnavi était l'un des tortionnaires de la prison d'Evine. Juge à la 26e chambre du tribunal de la révolution de Téhéran de 2000 à 2005, il est responsable de la condamnation de plusieurs journalistes à de lourdes peines. En 2006, il est devenu le bras droit de Said Mortazavi, procureur de Téhéran, l'un des principaux responsables de la mort de la photojournaliste irano-canadienne Zahra Kazemi, en juillet 2003.