Ouverture d’une nouvelle série de procès staliniens

Le 30 janvier 2010, s’est ouverte - devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran - la nouvelle audience du procès chargé de juger les opposants à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Seize personnes comparaîtront pour avoir participé aux récentes manifestations, notamment celles du 27 décembre 2009. Tous sont accusés d’être des “mohareb“ (ennemis de Dieu), d’être des “corrompus sur Terre“ et d’avoir mené des actions contre la sécurité nationale. Parmi les prévenus, comparaitra le jeune journaliste, Omid Montazeri, collaborateur pour plusieurs journaux, qui a été arrêté le 28 décembre. Ce journaliste est accusé d’être un “mohareb“ à cause de ses activités journalistiques, notamment d’avoir fait des interviews pour des médias basés à l’étranger. « Les dirigeants du régime pensent en effet que les exécutions de prisonniers permettront de restaurer le calme dans le pays. Plusieurs journalistes et blogueurs actuellement incarcérés sont accusés d’être des “ennemis de Dieu“, crime passible de la peine de mort. Illégalement arrêtés, ils subissent d’importantes pressions pour faire des aveux. La nouvelle série de procès staliniens qui vient de s’ouvrir est une parodie de justice, et ce même au regard du droit iranien. Nous mettons à nouveau en garde la communauté internationale : le régime est aujourd’hui capable d’aller jusqu’au bout du scénario macabre », a déclaré Reporters sans frontières. Omid Montazeri, collaborateur des journaux suspendus Shargh et Kargozaran, a été arrêté le 28 décembre après s’être présenté au tribunal révolutionnaire. La veille, des agents en civil du ministère des Renseignements avaient perquisitionné le domicile du journaliste et arrêté sa mère, Mahin Fahimi. Depuis l’arrestation d’Omid Montazeri, tous deux ont été transférés dans un lieu inconnu. D’après plusieurs témoins, le journaliste subirait d’importantes pressions pour avouer d’éventuelles relations avec des organisations basées à l’étranger, hostiles à la République islamique d’Iran. L’avocat du journaliste n’a pas pu rendre visite à son client, ni même consulté son dossier. Il n’a également pas été informé de la date à laquelle se tiendrait le procès d’Omid Montazeri, et n’a pas été autorisé à se rendre au tribunal. « Le régime veut lui faire subir le même sort que celui qui a été celui de son père, vingt et un ans plus tôt, assassiné en 1988 comme de nombreux prisonniers politiques », a déclaré Reporters sans frontières. Comme au cours des derniers procès staliniens d’août 2009, les avocats assurant la défense des journalistes n’ont pas pu s’entretenir avec leurs clients, ni avoir accès aux dossiers de l’accusation. Des avocats commis d’office, proches des services de renseignements, ont été nommés par le procureur de Téhéran. En outre, Reporters sans frontières a appris l’arrestation de plusieurs journalistes : - Le 1er février, Alireza Saghafi directeur du magazine Rah Ayandeh (suspendu en mai 2008) et membre de l’association des écrivains iraniens, a été arrêté après avoir été convoqué au ministère des Renseignements. Le soir de son arrestation, son domicile a été perquisitionné ; les ordinateurs et des livres ont été confisqués. Il avait déjà été arrêté le 1er mai, une heure avant le début des manifestations prévues à l’occasion du 1er mai. Il avait été libéré le 10 juin 2009, contre le versement d’une caution de 70 millions de tomans. Avant son arrestation, il avait été convoqué à plusieurs reprises. - Le 29 janvier, en marge des cérémonies marquant le quarantième jour du deuil suite au décès de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, la police a arrêté plusieurs personnes, dont Ali Ashraf Fathi, théologien de l’école coranique de la ville sainte de Qom et directeur du site http://tourjan.com/. Connu pour ses prises de position modérées, mais également critiques envers les extrémistes, il est le fils d’un martyr de la guerre Iran/Irak et commandant célèbre des Gardiens de la Révolution. - Le 12 janvier 2010, la photographe Mehraneh Atashi et son époux, ont été arrêtés. Pendant plusieurs années, elle a collaboré avec de nombreux médias internationaux. Dernièrement, Mehraneh Atashi avait décidé de se concentrer sur ses travaux de photographie artistique. Ils sont détenus depuis dans un lieu inconnu. A la veille de la manifestation marquant le 31e anniversaire de la Révolution, comme lors de tous les événements récents susceptibles de mobiliser l’opposition, les connexions Internet ont été fortement ralenties dans plusieurs villes du pays et plusieurs sites ont fait l’objet d’attaques, notamment le site de Radio Zamaneh qui a été hacké par la “cyber armée“, le groupe de hackers des Gardiens de la Révolution.
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Updated on 20.01.2016