Ouganda : vague d’arrestations arbitraires de journalistes
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Reporters sans frontières (RSF) exprime son inquiétude après la vague d’arrestations de journalistes menée par les forces de l’ordre ougandaises. En l’espace de 48 heures, dix jours seulement après les élections, 14 journalistes ont été interpellés et malmenés par la police alors qu’ils étaient en reportage.
Leur tort? S’intéresser à l’opposition et notamment à son leader défait lors de la dernière élection. Samedi 27 février, au moins six journalistes ont été interpellés devant le domicile du candidat battu à la présidentielle, Kizza Besigye, et briévement détenus avant d’être relâchés. Motif inviqué: des “raisons de sécurité”. Les victimes de ces arrestations, Abubaker Muhamed Zirabamuzaale, Abubaker Lubowa et Mukiibi Eriasa Sserunjogi du Daily Monitor, Nicholas Bumulanzeeki de l’Observer, Mugerwa Gerald de Delta TV et Suhair Boss Mugabi de NTV, ont déclaré avoir été battus dans le van de police.
Deux jours plus tard, six autres journalistes ont fait l’objet d’un traitement similaire, toujours aux abords du domicile de Kizza Besigye, qui, bien qu’assigné à résidence, prévoyait de se rendre à une réunion de son parti, le Forum pour le changement démocratique. Elijah Turyagumanawe et Dean Saava Lubowa de la chaîne de télévision NBS, Kiwanuka Stephen et Nakiwala Faridah de la chaîne de télévision BBS, Sendegeya Mohammed de CBS et Mukose Arnold de Salt Radio sont alors brièvement arretés et accusés “d’incitation à la violence”.
Le même jour, alors que des opposants manifestaient devant le palais présidentiel à Kampala en lâchant des cochons vêtus de t-shirts du parti au pouvoir, le National Resistance Movement (NRM), les reporters Abubaker Muwonge, correspondant de China Central Television (CCTV), et Francis Ociti, du tabloïd Red Pepper, ont été arrêtés et inculpés pour “intrusion criminelle”.
“Les médias continuent de faire l’objet de harcèlements inacceptables, dans la droite ligne de la campagne d’intimidations qui a prévalu pendant la période électorale, déclare Clea Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous demandons aux autorités ougandaises de donner à leurs hommes des ordres clairs afin qu’ils respectent le travail des journalistes et cessent de se faire l’instrument de la censure gouvernementale”.
RSF avait déjà dénoncé l’agression au gaz lacrymogène contre le photoreporter Isaac Kasamani le 22 février dernier et les multiples atteintes à la liberté de l’information pendant la période pré-électorale.
L’Ouganda occupe la 97ème place sur 180 pays au Classement sur la liberté de la presse établi par RSF en 2015.
© ISAAC KASAMANI / AFP
Publié le
Updated on
08.03.2016