Ouganda : Des journalistes et directeurs du journal Red Pepper arrêtés

Reporters sans frontières demande la libération immédiate des journalistes du tabloïd ougandais Red Pepper et la réouverture du journal fermé par les forces de sécurité ougandaises mardi 22 novembre .

Huit personnes ont été arrêtées au cours d’un raid des forces de police anti-terroristes contre le siège du journal Red Pepper mardi 21 novembre. Les quatre directeurs du journal, Patrick Mugumya, Arinaitwe Rugyendo, James Mujuni et Johnson Musinguzi Byarabaha ainsi que le directeur financier Richard Tusiime et trois rédacteurs, Ben Byarabaha, Richard Kintu et Tumusiime Francis Tinywana, sont depuis détenus à Jinja, une ville dans l’est de l’Ouganda, dans le centre de détention de Nalufenya. Ce lieu est connu pour ses méthodes brutales d’interrogatoire.


Les journalistes sont poursuivis pour "trahison" pour avoir sois-disant porter atteinte à la sécurité de l’Etat. Ces arrestations ont eu lieu au lendemain de la publication par le Red Pepper d’un article intitulé “ Le M7 complote pour se débarrasser de Kagame”, le président du Rwanda. Le M7 est le nom donné à l’entourage proche du président ougandais Yoweri Museveni. Cet article qui évoque une possible destitution du président Paul Kagame avait été initialement publié sur un journal rwandais en ligne. Selon des sources locales, le Red Pepper l’aurait repris en l’état sans vérifier les sources de cette information.


“Ce type de réaction de la part des autorités est absolument disproportionné, déclare Reporters sans frontières. Poursuivre des journalistes pour atteinte à la sécurité en raison d’une publication! Envoyer la police antiterroriste contre la rédaction d’un journal? De quoi le gouvernement de Museveni a -t-il peur? Nous demandons aux autorités ougandaises de relâcher immédiatement les journalistes arrêtés et de permettre aux journaux de continuer leurs activités librement, en application des lois du pays. “


Le 21 novembre, les forces antiterroristes, munies d’un mandat de perquisition, ont encerclé le siège du Red Pepper avant de fouiller tous les ordinateurs, matériels électroniques et autres documents de la rédaction. Le porte-parole de la police, Emilian Kayima, a déclaré que les locaux du journal étaient une “scène de crime” et ceux-ci ont par conséquent été fermés “jusqu’à nouvel ordre”.


Le régime ougandais a récemment pris plusieurs mesures pour limiter la liberté des médias, et intimider les journalistes. Il a notamment empêché la retranscription télévisée des débats parlementaires et procédé à plusieurs convocations de directeurs de publication à la police.


L’Ouganda occupe la 112ème place sur 180 pays dans le Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 23.11.2017