#OùEstZhangZhan : RSF s'alarme de la disparition d’une journaliste chinoise alors qu'elle devait sortir de prison

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Dans un contexte où la pression internationale n'a cessé de croître face au silence de la Chine, la journaliste Zhang Zhan a diffusé le 21 mai, via un intermédiaire, une courte vidéo confirmant sa sortie de prison et indiquant qu'elle était chez elle auprès de sa famille. Elle reste toutefois sous surveillance stricte des autorités. RSF reste préoccupée par sa situation et souligne qu'une liberté partielle ne signifie pas qu'elle est véritablement libre. L'intervention diplomatique reste cruciale pour assurer sa libération totale et inconditionnelle dans les plus brefs délais.

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Une semaine après qu’elle a purgé sa peine de quatre ans de prison, les autorités chinoises refusent de révéler où se trouve la journaliste Zhang Zhan. Craignant qu'elle ne soit toujours détenue, gravement malade ou placée sous haute surveillance, Reporters sans frontières (RSF) demande au régime de Pékin de communiquer immédiatement des informations sur le situation de Zhang Zhan et de procéder à sa libération totale et inconditionnelle dans les plus brefs délais. 

La journaliste et ancienne avocate chinoise Zhang Zhan, détenue depuis quatre ans pour ses reportages indépendants sur les débuts de la pandémie de Covid-19 en Chine, sous l'accusation d’“attiser des querelles et de provoquer des troubles”, devait sortir de la prison pour femmes de Shanghai il y a une semaine, le 13 mai, à l'issue de sa peine. Mais la journaliste reste introuvable, et les autorités refusent de révéler où elle se trouve, après avoir arrêté et interrogé des défenseurs des droits de l'homme qui venaient récupérer Zhang Zhan à sa libération. 

Plus préoccupant encore, sa famille, qui partageait régulièrement des informations sur la situation de la journaliste, est désormais injoignable. Dans les semaines précédant la libération attendue de Zhang Zhan, des défenseurs des droits humains et des avocats ont reçu des menaces de la part des autorités, qui les a sommés de ne pas attirer l'attention de la communauté internationale sur son cas. Zhang Zhan était gravement affaiblie par la grève de la faim qu'elle avait menée pour protester contre son innocence, et RSF a de sérieuses raisons de penser que sa santé s’est encore dégradée au cours de ses derniers mois de détention, ce qui pourrait expliquer la volonté du régime chinois de la soustraire à la vue du public.  

“Nous tirons la sonnette d’alarme sur la situation critique de Zhang Zhan, actuellement portée disparue alors qu’elle devait recouvrer sa liberté après quatre longues années dans les geôles chinoises. Nous sommes également très préoccupés par les allégations troublantes de pressions exercées sur ses proches, y compris sa famille et ses avocats. Personne ne devrait subir ce que Zhang Zhan a été forcée d'endurer en représailles de ses reportages sur la pandémie de Covid-19, cette persécution doit cesser maintenant. Les autorités chinoises doivent immédiatement révéler où se trouve Zhang Zhan et garantir sa libération totale et inconditionnelle. Nous demandons au corps diplomatique d’employer, sans plus tarder, tous les moyens possibles dans ses relations avec Pékin jusqu’à ce que sa liberté et sa sécurité soient confirmées.

Rebecca Vincent
Directrice des campagnes de RSF

En Chine, les journalistes emprisonnés en raison de leur travail restent souvent en détention ou sous surveillance, même après avoir purgé leur peine. L'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la disparition de Zhang Zhan, alors qu'elle était censée être libérée.

Zhang Zhan avait été arrêtée en mai 2020, alors qu’elle couvrait depuis février le déclenchement de l’épidémie de Covid-19 à Wuhan, au centre-est de la Chine. Elle avait publié plus de cent vidéos sur les réseaux sociaux, avant d’être arrêtée le 14 mai 2020 et condamnée à quatre ans de prison par un tribunal de Shanghai sept mois plus tard. 

Graves inquiétudes concernant la santé de Zhang


À plusieurs reprises, RSF a appelé à sa libération et a alerté sur les mauvais traitements dont elle était victime en prison. Lors de ses premiers mois de détention, elle a frôlé la mort après avoir mené une grève de la faim pour protester de son innocence. Les autorités l’avaient alors nourrie de force par sonde nasale et l’avaient parfois laissée menottée des journées entières. 

Lorsque la mère de Zhang Zhan lui a rendu visite en prison en juillet 2023, la journaliste était très affaiblie et ne pesait plus que 37 kilos pour 1,70 m, soit la moitié de son poids avant sa détention. Elle souffrait également de malnutrition sévère, d’une affection gastro-intestinale et d’un faible taux de globules blancs.

La Chine se situe au 172e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, et reste la plus grande prison au monde pour les journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 119 d’entre eux derrière les barreaux.

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