Nouvelles inculpations de Julian Assange: une menace pour le journalisme d’enquête

Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète des conséquences possibles des nouvelles inculpations de la justice américaine à l’encontre du fondateur de WikiLeaks Julian Assange, accusé de s’être procuré des documents classifiés et de les avoir diffusés.

Le département de la Justice américaine a annoncé, jeudi 23 mai, 17 nouveaux chefs d’accusation contre Julian Assange en vertu de la loi sur l'espionnage. Le fondateur de WikiLeaks est accusé d’avoir obtenu et publié sur son site des documents classifiés en 2010. La justice s’intéresse au rôle de Julian Assange dans la fuite de milliers de documents classifiés du département d’Etat et du Pentagone par le biais de l’ex-analyste de l'armée américaine Chelsea Manning. Ces accusations font suite à une autre affaire le mois dernier, lorsque le fondateur de Wikileaks a été inculpé de «conspiration en vue de s’introduire dans un ordinateur», pour avoir supposément tenté d’aider Chelsea Manning à pirater un serveur du gouvernement américain afin d’obtenir des informations classifiées.


«Les dernières inculpations contre Julian Assange pourraient être désastreuses pour les journalistes qui traitent des questions de sécurité nationale aux Etats-Unis, déclare Sabine Dolan, directrice par intérim du bureau Amérique du Nord de RSF. La loi sur l’espionnage est trop souvent utilisée contre des sources journalistiques aux Etats-Unis et RSF craint que cette mesure extraordinaire de l’administration Trump marque un dangereux précédent pouvant être utilisé pour poursuivre des journalistes et des éditeurs ayant recours à des lanceurs d’alerte.”


Depuis l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump, Julian Assange est la cinquième personne à être inculpée en vertu de la loi sur l’espionnage datant de la première guerre mondiale. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à dix ans de prison pour chaque chef d’inculpation, à l’exception de celui de «conspiration en vue de s’introduire dans un ordinateur» pour lequel il risque cinq ans de prison maximum.


En attendant, Julian Assange reste écroué au Royaume-Uni, où il purge actuellement une peine de 50 semaines de prison pour avoir violé les conditions de sa liberté conditionnelle en 2012. Il risque d’être extradé aux Etats-Unis mais aussi en Suède pour une autre affaire criminelle, non liée à WikiLeaks. RSF demande au gouvernement britannique de respecter les principes de la liberté de la presse et de la protection des sources journalistiques dans son traitement de Julian Assange, et a exprimé son inquiétude à propos de sa possible extradition aux Etats-Unis en lien avec ses activités s’apparentant au journalisme.


Les Etats-Unis sont classés 48e sur 180 pays dans le Classement 2019 de RSF sur la liberté de la presse.

Publié le
Updated on 27.05.2019