Nouvelle-Zélande : RSF appelle le Premier ministre à réaffirmer l'engagement de son gouvernement pour la liberté de la presse

Face aux attaques verbales répétées du nouveau vice-Premier ministre envers les journalistes, Reporters sans frontières (RSF) demande au Premier ministre néo-zélandais, Christopher Luxon, de réaffirmer le soutien de son gouvernement à la liberté de la presse.

À peine investi, le nouveau vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Nouvelle-Zélande, Winston Peters, s’est déclaré “en guerre” avec les médias. Une formulation qu’il a accompagnée d’accusations de corruption des professionnels de l’information à plusieurs reprises. 



Il a par ailleurs remis en cause les fonds de soutien au journalisme mis en place par l’administration précédente, en le qualifiant de “pot-de-vin de 55 millions de dollars de corruption". L’homme politique a aussi remis en question l'indépendance des chaînes publiques Television New Zealand (TVNZ) et Radio New Zealand (RNZ). De quoi inquiéter le secteur s’il met ses attaques verbales au service d’une politique de restriction du droit à l’information.

"En faisant des commentaires irresponsables sur les journalistes dans un contexte de méfiance croissante du public néo-zélandais à l'égard des médias, le vice-Premier ministre Winston Peters envoie un signal inquiétant sur l'attitude du nouveau gouvernement envers la presse. Nous appelons le Premier ministre Christopher Luxon à réaffirmer le soutien de son administration à la liberté de la presse et à s'assurer que les membres de son cabinet suivent la même ligne.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Au cours de la campagne électorale, Winston Peters, qui est le fondateur et dirigeant du parti populiste et nationaliste Nouvelle-Zélande D'abord (NZF), s'en était déjà pris à plusieurs reprises aux journalistes néo-zélandais, les accusant régulièrement de mensonges. En octobre, à quelques jours avant l'élection, il avait qualifié le journaliste de TVNZ Jack Tame, de "marchand de saletés" et d’homme "corrompu".

Selon le Centre de recherche sur le journalisme, les médias et la démocratie, basé à Auckland, la méfiance du public à l'égard du journalisme s'est accrue ces dernières années. En 2023, 42 % des Néo-Zélandais déclaraient avoir confiance dans la presse, contre 53 % en 2020.

Pour répondre au phénomène de la désinformation en ligne, RSF et plusieurs autres organisations de la société civile ont initié le Forum sur l'information et la démocratie, qui a publié l’an dernier un ensemble de 250 recommandations. RSF a également lancé la Journalism Trust Initiative (JTI), un projet qui vise à réduire l’influence des producteurs de désinformation en encourageant les moteurs de recherche à privilégier les médias respectueux de l'éthique journalistique. Plus de 800 rédactions du monde entier utilisent actuellement JTI pour évaluer leurs processus internes. 

La Nouvelle-Zélande est classée 13e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF.

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Nouvelle-Zélande
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