Alors que les arrestations arbitraires et les actes d'intimidation à l'égard des professionnels des médias se multiplient à travers le pays, Reporters sans frontières appelle à la libération de deux journalistes actuellement emprisonnés.
Reporters sans frontières appelle à la libération de Ali Farahbakhsh et Kaveh Javanmard, détenus depuis la fin de l'année 2006 et demande aux autorités iraniennes de mettre un terme aux interpellations arbitraires et actes de discrimination répétés dont sont victimes les professionnels de l'information à travers le pays.
“De Téhéran au Kurdistan iranien, les pressions imposées aux professionnels des médias se sont encore accentuées. Les journalistes qui osent critiquer la politique du président Mahmoud Ahmadinejad sont accusés de tous les maux : “espionnage”, “atteinte à la sécurité nationale” ou “traîtrise”. Autant de prétextes pour museler une presse déjà mise à mal”, a déclaré l'organisation.
Ali Farahbakhsh, journaliste économique, a collaboré à plusieurs journaux iraniens réformateurs dont Yas-e no et Shargh, aujourd'hui fermés, ou encore le quotidien Sarmayeh. Il a été arrêté le 27 novembre 2006 à Téhéran alors qu'il rentrait d'un voyage à Bangkok où il avait pris part à une conférence sur les médias, organisée par des associations thaïlandaises.
Les autorités iraniennes l'ont maintenu au secret durant quarante jours jusqu'à ce que le Syndicat des journalistes révèle sa situation. Sa famille, qui a pu lui rendre visite, avait reçu l'ordre de ne pas dévoiler son incarcération. Le directeur des prisons de la région de Téhéran, Sohrabe Soleymani, a confirmé, le 7 janvier 2007, que le journaliste était détenu à Evine. Aucune indication n'a été donnée sur les charges retenues contre lui.
Par ailleurs, 21 journalistes iraniens, de retour d'une formation en Hollande, ont été interpellés en novembre 2006, à l'aéroport de Téhéran, et interrogés pendant plusieurs heures. Tout leur matériel (ordinateurs, cahiers, agendas...) a été confisqué. Certains d'entre eux ont fait état, par la suite, de nouvelles convocations par les services de renseignements.
Oppression des journalistes au Kurdistan
La visite au Kurdistan, en septembre 2006, du président Mahmoud Ahmadinejad et du ministre de la Culture, Mohammad Hassan Saffar Harandi, a déclenché une vague d'arrestations, d'interdictions et de mesures d'intimidation envers la presse locale. La fermeture, en novembre, de deux hebdomadaires, Navai Vaghat et Kaziveh, pour “sécessionisme” est un exemple parmi d'autres. Par ailleurs, les journalistes de Didgah ont décidé d'interrompre la publication de leur journal, fin décembre 2006, après avoir reçu des menaces des services de renseignements.
Les autorités se sont également acharnées sur les membres de la rédaction de l'hebdomadaire Karfto, basé à Sanandej (capitale du Kurdistan iranien). Le 16 décembre 2006, le journaliste Ako Kurdnasab a été arrêté dans un bureau de vote alors qu'il couvrait les élections municipales et celles des représentants du comité des experts. Libéré sous caution le 2 janvier 2007, il attend l'ouverture de son procès. Les charges retenues contre lui ne sont pas connues. Le 18 décembre 2006, son collègue Kaveh Javanmard a été arrêté à son domicile par des agents du ministère des Renseignements. Il est toujours détenu à la prison centrale de Sanandej, sans avoir été inculpé. Deux jours plus tard, la directrice de l'hebdomadaire, Lila Madani, et son rédacteur en chef, Iraj Ebadi, ont été, à leur tour, convoqués au tribunal de la ville.