Nouvelle vague de violences policières en France : RSF porte plainte aux côtés d’un journaliste du HuffPost blessé par la BRAV-M
Reporters sans frontières (RSF) dépose plainte avec Pierre Tremblay, vidéaste pour le média en ligne HuffPost, pour violences volontaires par un dépositaire de l’autorité publique commises lors d’une manifestation contre les violences policières à Paris.
Le vidéaste Pierre Tremblay a été victime, le 8 juillet dernier à Paris, de violences policières, alors qu’il couvrait pour le site d’information HuffPost une manifestation en mémoire d’Adama Traoré mort en 2016 dans une gendarmerie du Val-d’Oise en Île-de-France. Ce mardi 18 juillet, RSF a déposé plainte, aux côtés du journaliste, pour violences volontaires commises par un dépositaire de l’autorité publique avec usage d’une arme.
Projeté au sol par des fonctionnaires de la brigade de répression de l'action violente motorisée (BRAV-M), Pierre Tremblay a subi une entorse au poignet qui a nécessité une semaine d’arrêt de travail et trois semaines d’immobilisation de sa main. Deux autres reporters indépendants, Clément Lanot et Florian Poitout, qui prenaient des images du rassemblement pour, respectivement, CLPRESS et Abaca Press, ont également fait l’objet d’usage illégitime de la force par la même brigade.
“Nous appelons la justice à élucider les circonstances de ces actes et à établir les responsabilités. Des mesures administratives doivent également être prises. Le Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) oblige les forces de l’ordre à protéger les journalistes et interdit toute mesure abusive. Nous ne cesserons de le rappeler.
La semaine suivant leur agression, les trois reporters ont porté plainte auprès de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui les a également auditionnés. Pierre Tremblay, soutenu par la direction du média HuffPost, a par ailleurs décidé de transmettre cette plainte au parquet. Aussitôt, RSF a déposé plainte au parquet pour les violences que le journaliste a subies.
“Je constate une détérioration des relations entre la police et la presse, surtout en raison des méthodes controversées de la Brav-M, cette brigade créée dans la foulée du mouvement des gilets jaunes, témoigne le photojournaliste auprès de RSF. Il est impératif que cette procédure judiciaire reconnaisse cette agression inacceptable envers un journaliste et envers la liberté de la presse.”
Fort de dix ans d’expérience professionnelle de couverture des mouvements sociaux, Pierre Tremblay est un habitué de la couverture des manifestations sociales, et sait travailler sans gêner l'intervention des forces de l’ordre. Lors de la manifestation organisée, ce 8 juillet, par le comité “La Vérité pour Adama”, il s’est senti éminemment ciblé par des policiers, tout comme ses deux collègues présents à ses côtés, Florian Poitout et Clément Lanot.
Une vidéo de ce dernier montre d’ailleurs qu’un passant gênant l’intervention de la BRAV-M est écarté par celle-ci, alors que les trois reporters placés en dehors de l’intervention sont matraqués jusqu’à se retrouver par terre. Et la violence n’a pas cessé : lorsque Florian Poitout est à terre, un fonctionnaire de police endommage volontairement l’appareil photo du reporter indépendant.
Interrogée par RSF sur l’agression des trois journalistes, la Préfecture de police de Paris assure qu’“une enquête administrative a été ouverte immédiatement, afin d’établir avec exactitude les circonstances des faits, concomitamment à des interpellations que le préfet de police assume pleinement.”
En deux mois seulement, RSF a comptabilisé 15 cas de violences illégitimes commises sur les journalistes par les forces de l’ordre. Ces agressions, aussi nombreuses que pendant les deux précédentes années cumulées, ont été, jusque-là perpétrées majoritairement dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites.
La plainte déposée aux côtés de Pierre Tremblay est la 22e plainte de RSF pour violences policières sur les reporters en France depuis 2019. Jusqu’à présent, une seule a débouché sur un procès qui s’est achevé par une condamnation.
La France est située au 24e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.