Nouvelle suspension temporaire pour le journal Ezombolo
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Reporters sans frontières condamne fermement la nouvelle mesure de suspension dont fait l'objet le journal gabonais à parution irrégulière, Ezombolo. Le 21 mai 2010, le Conseil national de la communication (CNC) a unilatéralement décidé de suspendre pour six mois la publication du journal pour "outrage récidiviste au chef de l'Etat".
"Nous percevons cette nouvelle décision du CNC comme un véritable acharnement contre le journal. Cette mesure trahit le manque de tolérance des autorités vis-à-vis de la presse critique et irrévérencieuse. Suspendu pour la troisième fois en moins de cinq ans, le journal subit un réel préjudice, le directeur de publication devant personnellement assurer le paiement des loyers et des installations et renvoyer temporairement ses journalistes", a déclaré l'organisation.
Le 21 mai, le Conseil national de la communication a prononcé la suspension pour six mois du journal, suite à la publication d'un article contenant des "propos outranciers" à l'encontre du chef de l'Etat, Ali Bongo. Dans cet article intitulé "Ali ne fait que voyager alors que le pays sombre", le journaliste rend compte du coût exorbitant que représentent pour le Gabon les voyages du président de la République, tout en tournant en dérision son apparence physique : "il avait les cheveux frisés comme un rat trempé dans l'eau, une paire de pare-brise aux yeux lui donnant l'allure d'un soudeur zoulou".
Par ailleurs, le CNC rappelle que le journal ne s'est pas acquitté du paiement de sa redevance annuelle.
"Ce motif avancé par le Conseil national de la communication afin de justifier la suspension est totalement erroné. Le code de la communication gabonais de 2002, que je connais parfaitement bien puisque j'ai fait partie du comité de rédaction, ne comporte aucun article prévoyant le paiement par la presse écrite d'une redevance annuelle. Le CNC cherche à nous mener en bateau", a confié le directeur de publication d'Ezombolo, Jean de Dieu Ndoutoum-Eyi, le 27 mai 2010 à Reporters sans frontières.
"Au Gabon, les journalistes doivent appartenir soit à l'opposition, soit à la majorité. Le problème avec mon journal, c'est qu'on ne peut pas le classifier. Et c'est cela qui gêne les autorités. J'écris ce que j'ai envie de dire et les différentes mesures de suspension prises à mon égard ne changeront rien à ma ligne éditoriale. Je ne ferai jamais un journalisme de révérence, de courbettes vis-à-vis d'Ali Bongo", a t-il ajouté.
Jean de Dieu Ndoutoum-Eyi a décidé qu'il n'exercerait pas, cette fois-ci, son droit de recours gracieux auprès du Conseil national de la communication, pourtant prévu par la loi gabonaise : "La dernière fois je l'ai fait, je n'ai jamais obtenu de réponse. Je ne me décourage pas, je prends simplement mes responsabilités. Je reprendrai mes activités journalistiques à la fin de la mesure de suspension".
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Updated on
20.01.2016