Alors que le parquet général ukrainien annonce une énième expertise ADN du corps de Géorgiy Gongadze, Reporters sans frontières ne saurait se contenter d'un effet d'annonce et exige que toute la lumière soit faite sur l'assassinat du journaliste tué il y a déjà plus de quatre ans.
Le parquet général ukrainien a annoncé, le 16 février 2005, qu'il avait demandé à des experts allemands et suisses de l'Institut de médecine légale de l'université de Munich d'effectuer une nouvelle expertise ADN du corps de Géorgiy Gongadze.
Reporters sans frontières exige une nouvelle fois des avancées concrètes dans le dossier Gongadze, l'identité du corps décapité retrouvé le 2 novembre 2000 dans le district de Tarachtcha ne faisant aucun doute. « Nous demandons une enquête exhaustive permettant d'établir toute la chaîne de responsabilités, y compris au plus haut niveau, concernant l'assassinat du journaliste Géorgiy Gongadze, tué il y a maintenant plus de quatre ans. Nous ne saurions nous contenter d'un effet d'annonce et d'une énième expertise ADN servant seulement à montrer à l'opinion internationale et à la famille du journaliste la bonne volonté des nouvelles autorités ukrainiennes. Il est plus que temps d'établir toute la vérité sur cet effroyable drame et ces nouvelles expertises ne sont pas suffisantes », a déclaré l'organisation.
En janvier 2003, une expertise indépendante avait déjà été réalisée à l'Institut médico-légal de Lausanne (Suisse) à la demande de Lessia Gongadze, la mère du journaliste et à l'initiative de Reporters sans frontières. La probabilité d'un lien filial entre Lessia Gongadze et le corps trouvé dans une forêt du district de Tarachtcha, dans la région de Kiev, était alors supérieure à 99,991%. Cette expertise ADN avait permis de lever les derniers doutes sur le fait que ce corps décapité était bien celui de Géorgiy Gongadze, rédacteur en chef du journal en ligne pravda.com.
En revanche, les nouveaux éléments mis au jour tout au long de l'année 2004, notamment par le quotidien britannique The Independent, concernant l'implication dans cette affaire de Iouri Kravtchenko, ancien ministre de l'Intérieur, et le décès suspect en prison de l'ancien officier de la police criminelle Igor Gontcharov, témoin clef dans cette affaire, n'ont pas donné lieu à l'ouverture d'un procès juste et équitable. Rien ne permet non plus d'écarter la responsabilité de l'ancien président ukrainien Leonid Koutchma. Pourtant ce dernier ne fait l'objet d'aucune poursuite criminelle.
Le nouveau président ukrainien Viktor Ioutchenko doit donc tout mettre en œuvre pour que, plus de quatre ans après les faits, le parquet général de Kiev établisse enfin toute la lumière sur l'assassinat de Géorgiy Gongadze.