Nouvelle agression d'un journaliste de la presse locale : il est temps que les autorités ouvrent les yeux

Le 3 février 2009, Youri Gratchev, rédacteur en chef du journal local Solnetchnogorski Forum, a été violemment passé à tabac dans la banlieue de Moscou. Le journaliste, âgé de 72 ans, est connu pour ses critiques à l'encontre des autorités locales. Le lendemain, des déclarations des autorités russes, notamment lors du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, n'ont fait que renforcer le sentiment que la violence à l'encontre des professionnels des médias n'est pas traitée avec le sérieux nécessaire dans leur pays. "L'agression de Youri Gratchev est révoltante. Une enquête doit être ouverte et les agresseurs traduits en justice. Après l'agression de Mikhaïl Beketov et les meurtres de Stanislas Markelov et d'Anastassia Babourova, cette nouvelle agression vient confirmer le climat d'hostilité extrême envers la liberté d'expression en Russie. Il faut en finir avec l'impunité qui ne fait qu'encourager les violences. Les autorités doivent prendre la mesure de la gravité de la situation et s'abstenir de déclarations honteuses", a déclaré Reporters sans frontières. Youri Gratchev a été agressé en plein jour par des inconnus qui l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Il a été conduit à l'hôpital où les médecins ont diagnostiqué une blessure à la joue, une fracture du nez et une commotion cérébrale. Le porte-parole de la police de la région de Moscou a indiqué que "différentes pistes sont examinées, notamment celle d'une agression pour affaire de mœurs et tentative de vol". Pour le moment, aucune instruction judiciaire n'a été ouverte et l'un des représentants de la police, Evgueni Guildeev a indiqué qu'il n'excluait aucune possibilité : "Le journaliste a pu trébucher, tomber et se faire les blessures diagnostiquées par les médecins. " Le journal de Youri Gratchev est la seule publication d'opposition de la ville de Solnetchnogorski. La situation est d'autant plus inquiétante que la ville est en période préélectorale : le 1er mars, les habitants devront élire leur maire et leurs représentants au conseil local. Le prochain numéro de Solnetchnogorski Forum prévu pour le 10 février devait justement évoquer ce scrutin. Dans ce contexte de violences répétées contre des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme, le ministre de la justice, Alexander Konovalov, a affirmé, le 4 février, devant le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, que "les assassinats de journalistes et de militants des droits de l'homme en Russie ne sont pas liés à leur activité professionnelle et doivent être considérés comme de simples affaires criminelles", sans autre explication. A son tour, le porte-parole du ministère de l'Intérieur russe, Valeri Gribakine, a déclaré, dans une interview publiée sur le site officiel du ministère, que "la majorité des assassinats de journalistes ces dernières années ne sont pas liés à leur profession. Quand des victimes de meurtres s'avèrent être des collaborateurs de médias, leurs collègues s'empressent de conclure que leur activité professionnelle est la raison fondamentale de leur mort. Pourtant, le plus souvent, il s'agit d'affaires de mœurs."
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Updated on 20.01.2016