Nouveau refus de libération provisoire pour Rachid Nini

Le 25 mai dernier, le tribunal de Casablanca a refusé, une nouvelle fois, d’accorder la demande de liberté provisoire de Rachid Nini. Le journaliste et directeur de publication du journal Al-Massae est incarcéré depuis le 28 avril dernier. Dans une lettre adressée à M. Mohamed Taib Naciri, ministre de la Justice, le 20 mai 2011, Reporters sans frontières a condamné ces rejets systématiques aux requêtes de la défense alors que toutes les garanties sont fournies. “Les délits de presse ne doivent pas avoir pour conséquences de priver un journaliste de liberté”, avait rappelé l’organisation. Par ailleurs, Reporters sans frontières a souligné dans son courrier que la capacité de la salle actuellement attribuée n’était pas suffisante pour accueillir la totalité des avocats de la défense, ainsi que les nombreux avocats marocains et étrangers venus assister à l’audience. Ces entraves “mettent gravement en doute l’impartialité et l’indépendance de la justice”, avait estimé l’organisation. “Les droits dont doit bénéficier Rachid Nini en tant que justiciable et journaliste ne sont pas garantis en l’état actuel de la procédure. Si un journaliste peut être mis en cause en cas d’abus caractérisé de la liberté d’expression, les poursuites doivent s’appuyer uniquement sur le code de la presse marocain et non sur des dispositions pénales de droit commun, comme c’est le cas dans l’affaire présente”, avait conclu Reporters sans frontières dans sa lettre. --------- 4.05.2011 - Le directeur du quotidien Al-Massae maintenu en détention Rachid Nini, directeur du quotidien Al-Massae, a été présenté, le 1er mai 2011, devant le Procureur du Roi à Casablanca. D'après un des avocats du journaliste, Me Moustafa Ramid, joint par Reporters sans frontières, il est poursuivi sur la base des articles 263, 264 et 266 du code pénal pour atteinte à l'honneur de fonctionnaires publics, dénonciation d'infractions imaginaires et tentative d'influencer les magistrats. Le 3 mai dernier, le tribunal a refusé la demande de libération provisoire de Monsieur Nini en attente de son procès. L'examen du dossier commencera vendredi 6 mai. Rachid Nini est actuellement détenu à la prison d'Okacha. L'avocat souligne que le journaliste n'est pas poursuivi sur la base du code de la presse, mais en vertu du code pénal. En outre, il devrait pouvoir normalement comparaître libre à son procès. « C'est grave d'emprisonner quelqu'un pour ses opinions. Aujourd'hui, tout le monde veut voir un autre Maroc, un Maroc démocratique... avec ce placement en détention, on tourne le dos à ce Maroc là », a-t-il confié l'avocat. Reporters sans frontières condamne ce maintien en détention et demande la libération immédiate du journaliste ainsi que la levée des poursuites qui pèsent contre lui. ------- 29.04.2011 - Le directeur du quotidien Al-Massae placé en garde à vue Reporters sans frontières condamne le placement en garde à vue de Rachid Nini, directeur du quotidien arabophone Al-Massae, le 28 avril 2011, par la Brigade nationale de la police judiciaire. Le placement en garde à vue de Rachid Nini va totalement à l’encontre des promesses formulées par le Roi Mohamed VI dans son discours du 9 mars 2011, au cours duquel il avait insisté sur l’engagement du Maroc sur la voie de réformes, afin de répondre au mouvement de contestation populaire. Il avait souligné la nécessité d’ « entreprendre une réforme constitutionnelle globale, sur la base de sept fondements majeurs », dont ceux « des droits de l'homme et de la protection des libertés ». Reporters sans frontières demande la libération immédiate de Rachid Nini et l’abandon des charges qui pèsent contre lui. Rachid Nini s’était présenté à 15h à la convocation de la police. En fin de journée, il lui a été notifié son placement en garde à vue pour 96 heures. Poursuivi pour « atteinte à des corps constitués » et « atteintes à des personnalités publiques », il devrait être présenté prochainement au procureur du Roi auprès de la cour d’appel de Casablanca. La veille, il avait déjà été longuement interrogé par la police. D’après des journalistes d’Al-Massae contactés par Reporters sans frontières, ce placement en garde à vue fait suite à la publication de nombreux articles dans lesquels Rachid Nini dénonçait la corruption, notamment dans l’entourage du Roi, et mettant en cause Fouad Ali El-Himma, responsable du Parti authenticité et Modernité. Il avait également publié des informations sur Abdellatif Hammouchi, le directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire, et exhorté les autorités à abroger la loi anti-terroriste. En outre, le 26 avril dernier, les autorités avaient décidé l’exécution de la condamnation prononcée à l’encontre du journal en 2008, exigeant le paiement des 6 millions de dirhams (526 000 euros) pour dommages et intérêts (http://fr.rsf.org/maroc-le-quotidien-al-massae-de-nouveau-03-12-2008,29531.html). Selon l’Organisme de justification de la diffusion (OJD Maroc), Al-Massae est le quotidien le plus important du Royaume avec 113.401 exemplaires par jour.
Publié le
Updated on 20.01.2016