A partir de documents inédits transmis par Edward Snowden, The Guardian a révélé le 19 janvier 2015 que l’agence de renseignement britannique qualifiait les journalistes de “menace potentielle pour la sécurité”. Celle-ci avait également intercepté plus de 70 000 emails en novembre 2008, parmi lesquels de nombreuses correspondances de journalistes.
L’agence de renseignement britannique, le Government Communication Headquarters (GCHQ) a une conception pour le moins étrange du métier de journaliste. C’est ce que révèle
l’analyse d’un mémo interne au GCHQ publiée par le journal
The Guardian. “Les journalistes et les reporters de tous médias confondus représentent une menace potentielle pour la sécurité”, indique cette note. Reporters sans frontières (RSF) rappelle que la liberté d’information est protégée par de nombreux textes internationaux et qu’elle permet, en tant que fondement de toute démocratie et de l’Etat de droit, l’existence des autres libertés fondamentales.
Grâce aux documents exfiltrés de la NSA par le lanceur d’alerte Edward Snowden,
The Guardian revèle également que le GCHQ a intercepté 70 000 emails en novembre 2008 en seulement dix minutes, parmi lesquels ceux de journalistes du
Monde,
The Guardian,
New York Times,
The Sun,
NBC et
The Washington Post. Ces courriers étaient consultables sur l’intranet du GCHQ par tous les employés habilités. Devant de tels chiffres, RSF s’interroge sur le nombre de communications de journalistes interceptées ces six dernières années.
L’organisation espère que cette conception du travail et de la mission des journalistes ne sera pas celle retenue dans le cadre de la nouvelle loi anti-terroriste que s’apprête à adopter le Royaume-Uni, en discussion à la Chambre des Lords, mardi 20 janvier 2015. David Cameron, en campagne pour sa réélection, a promis de renforcer les moyens de surveillance et d’interception des données s’il était réélu en mai. “Faut-il offrir aux terroristes un espace sûr pour pouvoir communiquer entre eux ? Moi, je dis non et il faut légiférer en conséquence”, a déclaré le Premier ministre britannique lors d’un récent meeting à Nottingham.
Dans son
Rapport “Les Ennemis d’Internet” 2014, RSF avait déjà dénoncé l’influence néfaste du GCHQ sur la liberté de l’information. L’agence de renseignements britannique avait été à cette occasion déclarée “Ennemis d’Internet”, rôle qu’elle aurait pu endosser dès 2008 au vu des révélations de
The Guardian.