“Non M. Loukachenko, ce n'est pas l'anarchie qui menace l'Internet au Bélarus, mais la répression”

“Reporters sans frontières exprime sa plus vive inquiétude suite aux déclarations du président biélorusse sur Internet. Le risque principal qui pèse sur le web biélorusse est celui d'une mort lente par étouffement du fait de la répression organisée par le sommet de l'Etat. Le contrôle exercé sur l'information en ligne est l'un des plus stricts parmi les pays issus de l'ancienne Union soviétique. Ce dont le Bélarus a besoin, c'est d'une libéralisation et non d'un renforcement de la surveillance “, a déclaré l'organisation. Le 2 août 2007, Alexandre Loukachenko, président du Bélarus, a déclaré lors d'une visite à la rédaction du quotidien étatique, Sovietskaïa Bieloroussiya, que le gouvernement allait renforcer son contrôle sur l'Internet et “mettre un terme à l'anarchie” qui règne sur la Toile. “Nous ne pouvons pas autoriser que cette grande réussite technique de l'humanité devienne un égoût à information”, a-t-il indiqué, avant de suggérer l'adoption d'une loi sur le statut des médias électroniques. “Nous ne serons pas des pionniers, ces lois existent déjà dans de nombreux pays”, a-t-il ajouté. Selon Zhanna Litvina, présidente de l'Association des journalistes biélorusses (BAJ), cette déclaration est un signe avant-courreur de nouvelles restrictions sur le Net, “dernier espace où la libre expression est possible au Bélarus”. “Nous avons noté de nombreux signes. Notamment, en février dernier, le renforcement du contrôle des cafés internet, ainsi qu'une réunion de juristes dans les locaux de Respublika (hebdomadaire officiel), au cours de laquelle l'idée d'une surveillance et d‘un contrôle accrûs d'Internet a été discutée”, a-t-elle déclaré sur le site de la BAJ. “Les Biélorusses n'ont pas accès à des informations objectives sur ce qui se passe dans leur pays. Dans ces conditions, l'Internet devient un espace où sont abordées des questions urgentes, sensibles. Mais le gouvernement cherche à maîtriser tous les canaux d'information et tout particulièrement ceux qui échappent encore à la censure”, a-t-elle ajouté indiquant que, selon elle, la déclaration d'Alexandre Loukachenko devrait être bientôt suive par une action des autorités. Youri Ziser, propriétaire de l'agrégateur de fils d'information “www.tut.by” a déclaré que “seuls ceux qui n'utilisent pas Internet peuvent le qualifier d'égoût.” Au sujet de l'enregistrement des médias électroniques il a confié que “ la Russie est un exemple en la matière. Les sociétés présentes sur Internet décident si elles souhaitent s'enregistrer comme sources d'informations et beaucoup le font de leur plein gré.” Le 10 février dernier, le gouvernement a adopté une directive contraignant les propriétaires de cybercafés et de clubs informatiques à dénoncer à la police les internautes qui visitent des sites illégaux. Le texte les oblige également à enregistrer l'historique de navigation des douze derniers mois sur leurs ordinateurs. Les forces de l'ordre, dont les officiers du KGB et les membres du comité de contrôle de l'Etat, doivent pouvoir accéder à ces rapports à leur demande. Le gouvernement, qui possède un monopole sur les télécoms du pays, n'hésite pas à bloquer l'accès aux sites d'opposition lorsqu'il le juge nécessaire, notamment en période électorale. Les publications indépendantes sont par ailleurs régulièrement victimes d'attaques informatiques. Ainsi, en mars 2006, plusieurs sites critiques envers le chef de l'Etat, ont mystérieusement disparu de la Toile pendant plusieurs jours. Le Bélarus est à la 151e place du classement 2006 pour la liberté de la presse dans le monde, parmi 168 pays. Seuls deux États de l'ancien bloc soviétique, l'Ouzbékistan et le Turkménistan, sont moins bien classés que lui.
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Updated on 20.01.2016