Nominations dans l’audiovisuel public : Reporters sans frontières reçue par le gouvernement
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Le 24 août 2012, Reporters sans frontières a rencontré, au Palais de la Kasbah, siège du Premier Ministère, Monsieur Ridha Kazdaghli, secrétaire d’État, chargé de l’information, et Messieurs Jamel Tahar et Nejmeddine Hamrouni, conseillers politiques auprès du chef du gouvernement, M. Hamadi Jebali. Cette rencontre a été l’occasion pour l’organisation de faire part aux autorités de son mécontentement et de son incompréhension face à la poursuite des nominations arbitraires à la tête des médias publics et de rappeler que la mise en place d’une instance indépendante de régulation des médias audiovisuels est une nécessité impérieuse.
Lors de l’entretien, la représentante de l’organisation à Tunis a vigoureusement dénoncé la mainmise des autorités tunisiennes sur les médias publics et le manque de transparence dans le processus de nomination de ses responsables.
En effet, elle a rappelé que, le 7 janvier 2012, le gouvernement avait nommé à la hâte plusieurs responsables à la tête des médias publics (l’agence officielle Tunis Afrique Presse; Société nouvelle d’impression, de presse et d’édition; et Établissement de la télévision nationale tunisienne) en prétextant la vacance de plusieurs postes clés. Le 24 avril dernier, l’éviction soudaine d’Habib Belaid, alors directeur par intérim de l’Établissement de la radio publique nationale, avait engendré une levée de boucliers. Quatre directeurs de radios publiques avaient alors remis leur démission en signe de protestation et de solidarité. Au début du mois de juillet, le renvoi du directeur de la Watanya 1, Sadok Bouabène, et la nomination de nouveaux directeurs à la tête des neuf radios publiques tunisiennes avaient conduit Reporters sans frontières à dénoncer une nouvelle fois l’absence de mécanisme de consultation réglementant les licenciements et les nominations à la tête de l’audiovisuel public en Tunisie. Dernier épisode en date, souligné par Reporters sans frontières : les nominations d’Imène Bahroun à la tête de l’Établissement de la télévision nationale tunisienne, le 17 août 2012, et de Lotfi Touati, comme nouveau Directeur général du groupe de presse Dar Essabah, contrôlé à 80% par l’Etat, le 21 août dernier.
“Ce qui avait été au départ annoncé comme une exception est devenu la règle au fil des mois”, a commenté l’organisation, soulignant l’importance, en démocratie, du respect de l’indépendance des médias publics. “Le gouvernement doit rompre définitivement avec l’opacité qui entoure les dernières nominations.”
Le 21 août dernier, suite à la diffusion de l’émission quotidienne “Bain al icha3ati wal khabar” (“Entre rumeurs et informations”) sur la Radio nationale, au cours de laquelle Boutheina Gouiaa avait invité des membres du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) à débattre sur le thème des nominations à la tête des médias publics, la journaliste en question s’est vue annoncer sa réaffectation au service de l’information.
Au cours de l’entretien du 24 août au Palais de la Kasbah, l’organisation s’est par ailleurs inquiétée de la difficulté pour certains représentants du gouvernement d’accepter les critiques. Pourtant, leur statut de personnalités publiques les expose nécessairement à ce genre de commentaires.
Lors de la rencontre, les représentants du gouvernement ont affirmé que l’application des décrets-lois 115-2011 (code de la presse) et 116-2011 (loi sur l’audiovisuel) a été confiée à une commission parlementaire. Jugés “non consensuels”, ils seront révisés. Reporters sans frontières regrette ce choix et craint que cette ré-écriture ne vienne vider les lois de leur substance. Aussi l’organisation a-t-elle rappelé l’importance pour la Tunisie que sa législation respecte les standards internationaux.
“ll est urgent que le gouvernement et l’Assemblée nationale constituante se positionnent clairement contre le vide juridique actuel, vide qui constitue un important levier de contrôle sur les médias”, a ajouté l’organisation.
Reporters sans frontières a salué la mise en place, au lendemain d’une manifestation organisée par les journalistes de Dar Essabah, le 22 août, d’un cadre consultatif réunissant la présidence du gouvernement et les structures professionnelles afin d’aborder les problèmes du secteur de l’information.
Cependant, une assemblée générale organisée par le SNJT, le 24 août 2012, a abouti au vote d’une grève générale qui aura lieu avant le 15 septembre si les autorités ne répondent pas favorablement aux revendications, prouvant que la confiance des professionnels est largement entamée, malgré l’initiative du gouvernement.
Les autorités semblent ne pas avoir entendu l’appel des journalistes. Le 27 août 2012, le nouveau Directeur général de Dar Essabah, Lotfi Touati, a exclu arbitrairement l’un des trois rédacteurs du quotidien Essabah. Il a également publié la liste des personnes habilitées à rédiger les éditoriaux des journaux.
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Updated on
20.01.2016