​Niger: RSF appelle les autorités à appliquer le cadre législatif sur la liberté de la presse

Au cours d’une mission à Niamey, Reporters sans frontières (RSF) a pu rencontrer le Premier ministre nigérien et lui transmettre les recommandations de l’organisation concernant le respect du cadre législatif protégeant la liberté de la presse.



Du 27 au 30 novembre 2017, Reporters sans frontières a effectué une mission à Niamey au Niger, à l’invitation de la Maison de la Presse pour la journée nationale de la liberté de la presse. La responsable du bureau Afrique, Clea Kahn-Sriber est intervenue dans un panel sur la responsabilité des médias et a présenté le fonctionnement du Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.


Cette visite a également été l’occasion pour Clea Kahn-Sriber de rencontrer le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, ainsi que la ministre de la Communication, Sani Hadiza Koubra Abdoulaye. Les deux responsables politiques ont fait part de leur désaccord à propos de la position occupée par le Niger dans le Classement de la liberté de la presse. En effet, le Niger après avoir connu une hausse spectaculaire de 75 places en 2011, au début du mandat du président Issoufou Mahamadou, a depuis continuellement chuté dans le Classement, et occupe aujourd’hui la 61ème place sur 180 pays.


Le Premier ministre a assuré à RSF l’attachement des autorités nigériennes à la liberté de la presse. Brigi Rafini a rappelé que son gouvernement travaillait à améliorer la situation mais que les mesures prises en ce sens prenaient du temps. Pour RSF, la chute du Niger dans le Classement s’explique notamment par le fait que le cadre légal du pays, bien que progressiste, demeure mal ou partiellement appliqué. L’organisation de défense de la liberté de la presse déplore également que des journalistes continuent d’être emprisonnés pour des faits de presse, et que les attaques dont ils font l’objet demeurent impunies.


“La presse au Niger est fourmillante mais souffre d’un manque de liberté dû notamment à sa précarité économique, aux influences politiques au sein des rédactions et du contournement de certains textes législatifs par les autorités, explique Clea Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique à RSF. Dans le même temps, certains journalistes doivent faire des efforts pour respecter les règles de la profession dans le traitement des informations. La défiance qui oppose parfois autorités et monde des médias est nuisible à la liberté d’information qui devrait servir avant tout la population nigérienne”.


RSF a porté plusieurs recommandations auprès des autorités, notamment sur la nécessité de mettre en œuvre plusieurs textes, dont la Charte de 2010 sur l’accès à l’information afin de permettre aux journalistes de travailler avec des informations officielles vérifiées. RSF a demandé au ministère de la Communication d’examiner rapidement les textes législatifs et avis proposés par le Conseil Supérieur de la Communication. Selon l’organisation, les plus urgents sont ceux concernant le statut des médias d’Etat afin de leur permettre de fournir un véritable service public à la population nigérienne et l’accès à la publicité pour les médias privés qui leur permettrait d’améliorer leur situation financière.

Publié le
Mise à jour le 04.12.2017