Neuf ans de prison requis à l’encontre de Khadija Ismaïlova
Reporters sans frontières (RSF) dénonce les réquisitions grotesques du procureur de Bakou à l’encontre de la journaliste Khadija Ismaïlova (neuf ans de prison) dans une parodie de procès. L’Azerbaïdjan à connu l’une des chutes les plus importantes au Classement mondial de la liberté de la presse en 2015.
La mascarade judiciaire touche bientôt à sa fin, et touche surtout le fond. Après un procès qui a vu les droits de la défense systématiquement bafoués, le procureur général de Bakou a requis le 21 août 2015 une peine de prison de neuf ans à l’encontre de Khadija Ismaïlova.
“C’est clairement un procès politique, absurde, scandaleux, grotesque, déplore Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). Un simulacre de justice, qui fait de l’affaire un symbole de la vague de répression contre les médias indépendants en Azebaïdjan depuis un an. Nous appelons la communauté internationale à dénoncer ce procès et à rappeler les obligations du pays au regard de ses multiples engagements internationaux. Il est indispensable de faire pression sur le régime afin d’obtenir la libération sans conditions de Khadija Ismaïlova et de tous les journalistes arbitrairement détenus dans le pays”.
Tenu à huis clos partiel dans une ambiance délétère, le procès de la journaliste aura été le théâtre d’un véritable déni de justice. Soucieux d’expédier l’affaire au plus vite, les juges n’ont accédé à presque aucune requête de la défense empêchant ainsi les avocats de présenter les éléments qui auraient fait voler les chefs d'inculpation en éclats. Comme si cela ne suffisait pas, la famille et les proches de Khadija Imaïlova se sont vus accorder un accès restreint à la salle d’audience, les autorités prétextant un manque de place. Selon Radio Free Europe/Radio Liberty, celle-ci aurait été saturée par un auditoire recruté pour l’occasion. La presse indépendante a été tenue à l’écart du procès.
Figure de proue du journalisme d’investigation en Azerbaïdjan, Khadija Imaïlova est réputée pour ses enquêtes sur la corruption au sommet de l’Etat, et notamment du clan Alyev qui dirige le pays. Après plusieurs tentatives de pressions et d’intimidations, dont notamment un chantage à la sextape, les autorités l’ont finalement arrêtée en décembre 2014 et accusée d’avoir “incité au suicide” un de ses anciens collègues. Devant la rétractation de ce dernier, toujours bien vivant, et l’inconsistance de l’accusation, quatre nouvelles charges ont été ajoutées à l’encontre de la journaliste : “détournement de fonds à grande échelle”, “commerce illégal”, “évasion fiscale” et “abus de pouvoir”. Les autorités ont ainsi rattaché le dossier de Khadija Ismaïlova à l’enquête ouverte contre le bureau de Radio Free Europe / Radio Liberty à Bakou, que la journaliste avait dirigé.
L’Azerbaïdjan figure à la 162e place sur 180 du Classement mondial 2015 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.