Une presse indépendante quasiment inexistante, la seule association de journalistes menacée de disparition et des journalistes étrangers soumis à de nouvelles réglementations restrictives : la situation de la liberté de la presse se dégrade nettement en Guinée équatoriale.
Reporters sans frontières exprime sa vive préoccupation après une nette dégradation de la situation de la liberté de la presse et d'expression en Guinée équatoriale. "Votre pays est l'un des plus répressifs du continent africain en matière de liberté de la presse", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, dans un courrier adressé à Teodoro Obiang Nguema, président de la République équato-guinéenne. "La presse indépendante y est quasiment inexistante, la seule association de journalistes est constamment menacée, l'accès à Internet est de plus en plus limité et les journalistes étrangers sont soumis à de nouvelles réglementations particulièrement restrictives", a souligné le secrétaire général. L'organisation a demandé au chef de l'Etat de s'engager publiquement en faveur d'une plus grande liberté d'expression dans son pays et de faire en sorte que tous les journalistes équato-guinéens puissent travailler en toute liberté et en toute sécurité.
Teodoro Obiang Nguema fait partie des trente-huit prédateurs de la liberté de la presse dans le monde dénoncés par Reporters sans frontières.
Selon les informations recueillies par l'organisation, la situation de la liberté de la presse est en constante dégradation en Guinée équatoriale. Le 22 mai 2002, le vice-ministre de l'Information a annoncé son intention d'obliger les correspondants de la presse étrangère à se munir d'une accréditation officielle délivrée par le ministère. Cette accréditation temporaire sera obligatoire et renouvelable "selon les cas".
Par ailleurs, au début du mois de mai, les autorités ont empêché l'Association de la presse de Guinée équatoriale (ASOPGE) d'organiser ses activités (expositions, conférences, etc.) programmées à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse. Quelques jours plus tard, le vice-ministre de l'Information, Alfonso Nsue Mokuy, a demandé au gouvernement de rendre illégale l'ASOPGE. Le vice-ministre reprochait à l'association de fonctionner comme un "gouvernement parallèle" et de ne pas organiser toutes ses activités en collaboration avec le ministère.
Enfin, plusieurs journalistes et responsables associatifs ou politiques se plaignent de difficultés croissantes pour accéder à Internet. Selon eux, les écoutes téléphoniques illégales ont augmenté et les courriers électroniques seraient étroitement contrôlés par le seul fournisseur d'accès du pays. Le réseau est de plus en plus souvent inaccessible et toute communication électronique est rendue impossible à certains moments.
Cette nette dégradation survient au moment où s'ouvre, à Malabo, le procès de plusieurs responsables de l'opposition accusés d'avoir fomenté un coup d'Etat en vue de renverser le président de la République.