Narodnaya Volya lourdement condamné en diffamation

Le 9 juin 2005, les juges Vera Tupik et Tatyana Zhyklovskaya de la cour Léninsky de Minsk ont condamné pour diffamation le principal journal indépendant du pays à une amende de 7 000 euros. Six plaignants, originaires de Klyotsk ou travaillant pour l'entreprise Belaruskalii, située à Soligorsk, ont nié avoir signé une pétition en faveur du mouvement d'opposition « La volonté du peuple », publiée dans Narodnaya Volya le 23 avril 2005. Afin d'éviter tout ennui judiciaire, la direction du journal avait publié un démenti le 14 mai. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Le harcèlement judiciaire à l'encontre de la presse indépendante se poursuit 18 mai 2005 Narodnaya Volya, principal journal indépendant du pays basé à Minsk (paraissant 5 fois par semaine, 30 000 exemplaires), a reçu, le 16 mai 2005, un avertissement du ministère de la Justice pour « publication de fausse information » en violation de l'article 32 de la loi sur les médias. Parallèlement, le journal a appris le même jour le dépôt de plaintes en diffamation d'ouvriers de la compagnie Belaruskalii, société contrôlée par l'Etat, pour avoir publié leurs noms dans un article du 23 avril intitulé « Telle est la volonté du peuple ». Le texte listait 300 ouvriers de Belaruskalii signataires d'une lettre de soutien à la formation du mouvement d'opposition « Volonté du Peuple ». Cinq ouvriers démentent avoir signé cette lettre et réclament environ 18 200 euros de dommages et intérêts au journal. Syarhey Katovich, l'un des ouvriers poursuivant Narodnaya Volya en diffamation, a admis, dans une interview accordée à Radio Free Europe/Radio Liberty, avoir subi, tout comme ses quatre collègues plaignants, des pressions de la part de la direction de la société Belaruskalii. « Vous savez, j'ai failli perdre mon travail », a-t-il déclaré. Reporters sans frontières s'inquiète de ces nouvelles poursuites à l'encontre d'un journal indépendant et dénonce l'instrumentalisation de la loi sur les médias dans le but de faire taire les voix dissidentes. « Un Etat de droit se doit pourtant d'assurer la séparation des pouvoirs. Le président Alexandre Loukachenko justifie décidément sa place au sein de notre liste des prédateurs de la liberté de la presse», a déclaré Reporters sans frontières. Narodnaya Volya avait reçu la liste des signataires en faveur de la formation « Volonté du Peuple » de la main du coordinateur du mouvement. Après avoir reçu une lettre de la direction de la société Belaruskalii, le journal avait publié un démenti de cette liste dans son édition du 14 mai, afin d'éviter les ennuis judiciaires. Iosif Syaredzich, rédacteur en chef de Narodnaya Volya, a déclaré au correspondant de Reporters sans frontières que, dans cette affaire, « le ministère de l'Information a joué à la fois le rôle du juge d'instruction, du procureur et du juge exécutant ». « D'après la loi sur les médias, ceux qui portent plainte contre un journal doivent au préalable l'appeler à corriger ses erreurs et publier des excuses s'il y a lieu. En l'espèce, le ministère de l'Information a immédiatement envoyé un avertissement sans informer au préalable le rédacteur en chef des motifs des plaintes et de la date de cette décision », a-t-il ajouté. Le 13 avril, le journal avait déjà reçu un avertissement pour avoir publié notamment l'appel d'un groupe non enregistré par les autorités, les Défenseurs de la Patrie, dans son édition du 31 mars. Narodnaya Volya doit également faire face à une autre plainte en diffamation intentée le 5 avril par Syarhey Gaidukevich, leader du LDP, parti libéral démocratique du Bélarus. Ce dernier réclame environ 73 000 euros de dommages et intérêts au journal pour avoir insinué que le LDP coopérait avec l'ancien régime irakien de Saddam Hussein et recevait une assistance financière de sa part.
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Updated on 20.01.2016