Namibie : inquiétante multiplication des attaques verbales contre les journalistes en marge des élections

Reporters sans frontières (RSF) condamne la résiliation du contrat d’un journaliste freelance par l’agence de presse namibienne et dénonce la multiplication des attaques verbales des autorités à l’égard des journalistes à la veille des élections générales qui se déroulent ce 27 novembre.

Son contrat avec la Namibian Press Agency (Nampa) a soudainement été résilié. Le journaliste indépendant Vita Angula a appris qu’il ne pourrait plus travailler avec l’agence de presse détenue par l’Etat namibien, après avoir participé, sur la chaîne de télévision One Africa, à un débat sur un scandale des quotas de pêche  et parlé de “corruption”. Pour Nampa, ce débat “controversé” et l’intervention du journaliste sont susceptibles de compromettre la réputation et la politique éditoriale de l’agence.


La campagne électorale a été marquée par ce scandale. Le secteur de la pêche représente la deuxième industrie du pays derrière les mines. Dans leurs enquêtes, Wikileaks, le premier quotidien du pays The Namibian, et d’autres médias internationaux ont révélés des fraudes concernant l’octroi de quotas de pêche. Deux ministres impliqués dans ce scandale ont été contraints à la démission. L’un d’eux a été arrêté.


Suite à ces révélations, les médias ont été dans la ligne de mire des plus hautes autorités namibiennes. Il y a quelques jours, la Présidence a ainsi accusé dans un communiqué les journalistes de “ternir” l’image du Président et du pays en menant une campagne de désinformation dans le but d’influencer les votes. Début novembre, le ministre de l’Economie, Tjekero Tweya, avait déjà attaqué de manière virulente le travail des journalistes en les qualifiant de “parasites”qui “intoxiquent” la population avec de fausses informations. 


“Cette série d’attaques contre les journalistes porte gravement atteinte à l’image du premier pays africain au Classement mondial de la liberté de la presse, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. En établissant des faits de corruption, les journalistes n’ont fait que leur travail et constituent des alliés de la bonne gouvernance. RSF demande aux autorités de mettre fin à ces attaques verbales qui affaiblissent la démocratie namibienne et condamne fermement la sanction prise par l’agence de presse namibienne à l’encontre d’un journaliste qui n’a fait qu’exprimer une opinion par ailleurs largement étayée par les faits”.


Onze candidats se présentent aux élections générales namibiennes aujourd’hui. Le président sortant, Hage Geingob, est donné favori malgré ce scandale des quotas de pêches. 

La Namibie se place au 23e rang du Classement mondial pour la liberté de la presse établi par RSF en 2019. 

Publié le
Mise à jour le 28.11.2019