Mushfig Huseynov enfin libéré

Reporters sans frontières accueille avec soulagement la libération du journaliste indépendant Mushfig Huseynov, après deux ans d'emprisonnement que l'organisation a toujours considéré comme politiquement motivé. "Mais depuis que sa tuberculose avait atteint un stade avancé, le maintien de Mushfig Huseynov derrière les barreaux était purement et simplement criminel." "C'est considérablement affaibli que le correspondant du quotidien Bizim Yol est enfin remis en liberté. Sa santé aurait pu être épargnée si, comme nous l'avons demandé avec insistance, il avait été relâché plus tôt", a cependant déploré l'organisation. Le 25 décembre 2009, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a signé un décret graciant 99 prisonniers, dont Mushfig Huseynov. A sa sortie de prison, le lendemain, il a déclaré : "Je ne peux pas dire que je vais bien, je dois poursuivre mon traitement. (…) Mais j'ai l'intention de revenir au journalisme." Condamné à six ans de prison pour “corruption passive” (article 311.1) en janvier 2008, il avait vu sa peine réduite d'un an en appel. L’enquête avait été menée dans une opacité totale par le service de la Sécurité nationale, après que Mushfig Huseynov avait exposé plusieurs cas de corruption au sein du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Depuis lors, il était incarcéré dans des conditions inadaptées à son état de santé. Sa demande de libération anticipée avait été rejetée une première fois en mai 2009, puis en appel, le 22 juillet. Dès lors, l'état de santé du journaliste n'a cessé de se dégrader, si bien que le 14 octobre, il était transféré à l'hôpital pénitentiaire central N°3 de Bakou. Cependant, le traitement qu'il y recevait ne donnait guère de résultats, et il continuait de perdre du poids. Selon son frère, Mushfig Huseynov était maintenu dans une pièce humide, alors même qu'il avait besoin d'air sec. Cette situation laissait craindre le pire – en août, un militant d'opposition, Novruzali Mammadov, était mort en détention faute de soins adaptés –, et une campagne internationale de solidarité avait été lancée. Reporters sans frontières a réclamé à plusieurs reprises un traitement approprié, puis la libération de Mushfig Huseynov pour raisons médicales, sur la base de l'article 78 du code pénal et de l'article 167.06 du code d'application des peines azerbaïdjanais. Après avoir écrit au président Ilham Aliev en octobre 2008 et novembre 2009, l'organisation avait fait part de sa préoccupation à la communauté internationale en s'adressant à plusieurs ambassades à Bakou et à la Croix-Rouge, puis aux autorités françaises lors de la venue du président azerbaïdjanais à Paris, début décembre 2009. -------------------------------------------------- 22.07.2009 - La cour d’appel de Bakou rejette la demande de libération d’un journaliste malade La cour d’appel, chargée d’examiner la demande de remise en liberté pour raisons médicales de Mushfig Huseynov, a maintenu, le 20 juillet, la décision du tribunal d’Azizbekov rendue le 27 mai. Le journaliste demeure donc sous les verrous et il lui est défendu d’exercer son métier pendant les deux ans qui suivront sa libération. « Nous sommes scandalisés par la décision de la cour d’appel de Bakou qui, tout comme le tribunal d’Azizbekov, va contre le code pénal azéri qui prévoit la libération d’un détenu pour raisons médicales. L’état de santé de Mushfig Huseynov, en prison depuis déjà un an et demi justifie plus que jamais sa remise en liberté», a déclaré l’organisation. Contacté par Reporters sans frontières, l’avocat du journaliste, Isakhan Ashurov, a déclaré : « La décision de la cour d’appel de Bakou est sans fondement. La cour n’a pas pris en compte le fait que Mushfig Huseynov est atteint de tuberculose et souffre gravement ». ---------------------------------------------------- 28.05.2009 : La demande de mise en liberté du journaliste Mushfig Huseynov pour raisons médicales rejetée, en violation de la loi ! Le 27 mai 2009, le tribunal de Bakou a rejeté la demande de mise en liberté de Mushfig Huseynov, journaliste pour le quotidien Bizim Yol, alors qu’il souffre de graves problèmes de santé depuis son incarcération en janvier 2008. "L’état de santé de Mushfig Huseynov justifie sa mise en liberté immédiate. La loi l’exige en ces circonstances. Les conditions de détention en Azerbaïdjan sont déplorables et n’offrent pas un suivi médical suffisant pour les détenus à la santé fragile. Les autorités judiciaires doivent reconsidérer leur décision", a déclaré Reporters sans frontières. Bien que les articles 78 du code criminel et 167 du code pénal azerbaïdjanais prévoient la libération d’un détenu pour raisons médicales, Mushfig Huseynov a été contraint de poursuivre sa peine à la maison d’arrêt N2 de Bakou. Le 21 janvier 2008, Mushfig Huseynov a été condamné à six ans de prison pour corruption. Il était accusé d’avoir accepté un pot-de-vin d’un montant de 3 500 dollars de la part d’un employé du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Deux journalistes sont par ailleurs sous les verrous en Azerbaïdjan. Ganimat Zahidov, journaliste pour le quotidien d’opposition Azadlig et Eynulla Fatullayev, rédacteur en chef des deux quotidens Gundelik Azerbaïdjan et Realny Azerbaïdjan. Le 9 avril 2009, Sakit Zahidov, journaliste pour Azadlig, a été libéré après qu’il a été amnistié par le président Ilham Aliev. L’Azerbaïdjan figure à la 150e place du classement 2008 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Son président, Ilham Aliev, est considéré comme un prédateur de la liberté de la presse par l’organisation.
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Updated on 20.01.2016