La justice nigérienne a décidé de réintégrer les écoutes téléphoniques controversées dans le dossier d'accusation de Moussa Kaka, directeur de Radio Saraounia, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et de Reporters sans frontières à Niamey, entraînant la poursuite de l'instruction et le rejet de sa demande de remise en liberté.
La justice nigérienne a décidé de réintégrer les écoutes téléphoniques controversées dans le dossier d'accusation de Moussa Kaka, directeur de Radio Saraounia, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et de Reporters sans frontières à Niamey, entraînant la poursuite de l'instruction et le rejet de sa demande de remise en liberté, a annoncé son avocat, Me Moussa Coulibaly.
"Cette décision est incompréhensible et décevante. Signe d'un entêtement des autorités à poursuivre Moussa Kaka jusqu'au bout, elle intervient alors que tous les signaux en provenance du gouvernement étaient positifs. Nous répétons que Moussa Kaka est innocent des crimes dont on l'accuse et que sa place n'est pas en prison, où il est maintenu injustement depuis 145 jours", a déclaré Reporters sans frontières.
En rendant son délibéré, le 12 février 2008, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Niamey a rejeté l'arrêt du juge d'instruction déclarant irrecevables les écoutes téléphoniques utilisées pour accuser Moussa Kaka de "complicité d'atteinte à l'autorité de l'Etat", selon Me Coulibaly. Le juge d'instruction en charge de l'affaire avait estimé, en novembre 2007, que ces écoutes avaient été faites hors de tout cadre légal et ne pouvaient donc pas être utilisées comme preuves.
Ces écoutes sont des enregistrements de conversations téléphoniques entre Moussa Kaka et Aghali Alambo, chef de la rébellion touarègue du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Les autorités, qui refusent de reconnaître tout caractère politique au MNJ et qualifient ses membres de "bandits armés", estimaient que les deux hommes avaient fait preuve de "connivence". Une interprétation que réfutent les défenseurs de Moussa Kaka, qui estiment que ce sont des échanges professionnels entre un journaliste et sa source.
La chambre d'accusation a également rejeté la demande de remise en liberté provisoire introduite par les avocats du journaliste, sans que ces derniers aient pu en discuter avec les magistrats.
L'instruction ouverte à l'encontre de Moussa Kaka se poursuit. Les avocats du journaliste étudient désormais les suites à donner à la décision de la chambre d'accusation, dont la possibilité de porter l'affaire en cassation.