Mort très suspecte d'une journaliste à Kaliningrad

"La mort tragique et hautement suspecte d'Olga Kotovskaïa, doit faire l'objet d'une enquête méticuleuse et approfondie. Le transfert du dossier à des services de police ne dépendant pas des autorités locales, dont le rôle dans cette affaire est précisément l'un des éléments à examiner, ne doit pas être exclu", a déclaré Reporters sans frontières. "L'impunité dans les cas d'assassinat de journalistes est l'un des aspects les plus inquiétants de la situation de la presse en Russie. Il est plus qu'urgent que les autorités fédérales engagent la lutte contre ce fléau", a poursuivi l'organisation. Le 16 novembre 2009, Olga Kotovskaïa, journaliste de la télévision locale Kaskad, est décédée après une chute du quatorzième étage d'un immeuble du centre de Kaliningrad (capitale de l'enclave russe entre la Pologne et la Lituanie, au bord de la mer baltique). Sa mort est survenue six jours après que la cour d'arbitrage de Kaliningrad lui a donné raison en jugeant qu'elle avait été injustement dépossédée, en 2004, de la chaîne télévisée qu'elle avait créée dans les années 90 et dont elle détenait 49 % du capital. Le tribunal a reconnu que le document grâce auquel le changement d'actionnaire majoritaire avait été rendu possible avait été falsifié. L'ancien vice-gouverneur de la région, Vladimir Pirogov, aurait pris part à cette manœuvre. Après sa mort, des collègues, des proches, ainsi que l'Union des journalistes de Kaliningrad, ont battu en brèche l'hypothèse de son "suicide". Tous décrivent une journaliste combative, une femme d'affaire brillante, mère de deux enfants, qui venait de remporter une victoire dans un combat essentiel. C'est le cas notamment, d'Igor Rudnikov, éditeur du journal Novyie Kolessa, selon qui "personne à Kaliningrad ne pouvait croire que la journaliste ait mis fin à ses jours". De plus, a-t-il précisé, la journaliste n'avait aucune raison de se rendre dans l'immeuble au pied duquel son corps a été retrouvé. La mort d'Olga Kotovskaïa rappelle celle d'Ivan Safronov, un talentueux journaliste de Kommersant, décédé en mars 2007 après une chute du cinquième étage de son immeuble de Moscou. La police avait alors conclu au suicide. Dans le cas de la journaliste de Kaliningrad, les autorités ont, pour l'heure, ouvert une instruction judiciaire pour "incitation au suicide", n'ayant pas trouvé de fondement à une enquête pour "meurtre". La Russie est 153e dans le classement 2009 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Depuis mars 2000, 22 journalistes au moins sont décédés en raison de leur activité professionnelle.
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Updated on 20.01.2016