Reporters sans frontières est indignée par les conclusions de l'enquête israélienne sur la mort du cameraman palestinien Fadel Shanaa. "Les soldats israéliens bénéficient d'une impunité qui met en danger les nombreux journalistes qui couvrent leurs activités. Seule une analyse impartiale de ce qui s'est passé pourrait prévenir d'autres drames", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières est indignée par les conclusions de l'enquête israélienne, sur la mort du cameraman palestinien Fadel Shanaa, qui dédouane totalement les soldats auteurs des tirs de toute responsabilité. Le 13 août 2008, le procureur général de l'armée, brigadier-général Avihai Mendelblit, a adressé un courrier à l'agence de presse britannique Reuters, employeur de Fadel Shanaa, faisant état des conclusions de l'enquête israélienne. Selon lui, les soldats auteurs des tirs ont respecté les règles d'engagements. A ce titre, aucune poursuite judiciaire ne sera engagée contre eux.
"L'équipe du char n'était pas en mesure de déterminer la nature de l'objet monté sur le trépied, ni de l'identifier en tant que missile anti-char, mortier, ou camera de télévision", a indiqué le général. "Les soldats dans le char et leurs supérieurs ont conclu que ces individus
(les journalistes de Reuters) représentaient une menace et transportaient un objet pouvant être une arme. Leur décision de tirer sur cette cible était donc la bonne", a-t-il ajouté. Selon lui, les soldats étaient trop loin pour pouvoir déchiffrer les bandeaux "presse" affichés sur le véhicule ou les gilets pare-balles de Fadel Shanaa et de son preneur de son, Wafa Abu Mizyed, légèrement blessé dans l'attaque.
"Les conclusions de l'enquête israéliennes sont déroutantes et n'apportent aucune explication convaincante aux circonstances qui ont conduit à la mort du cameraman de Reuters. Les forces de défense israéliennes n'ont jamais voulu reconnaître leurs torts dans des affaires similaires. Les soldats israéliens bénéficient d'une impunité qui met en danger les nombreux journalistes qui couvrent leurs activités. Seule une analyse impartiale de ce qui s'est passé pourrait prévenir d'autres drames. Au lieu de rassurer la presse, les responsables de l'armée créent un climat d'insécurité inacceptable", a déclaré Reporters sans frontières.
"Le port d'un gilet-pare-balles par les journalistes, le maintien à une distance raisonnable des bélligérants et l'identification claire de leur statut doivent s'accompagner d'une évolution du comportement des soldats qui se trouvent dans des zones où se trouvent des civils, dont des journalistes", a ajouté l'organisation.
Fadel Shanaa, 23 ans, cameraman palestinien de l'agence de presse Reuters a été tué par un obus tiré par un char israélien le 16 avril 2008 alors qu'il filmait une incursion de l'armée israélienne dans la bande de Gaza. Son preneur de son, Wafa Abu Mizyed, a été blessé. Les deux hommes, qui se trouvaient à près d'un kilomètre du char, portaient des gilets pare-balles inefficaces contre les fléchettes en acier libérées par l'obus israélien.
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