“Monsieur Netanyahou, l’attitude des soldats israéliens à l’égard de la presse est inacceptable”
Après les récentes violences perpétrées par les forces israéliennes à l’encontre de plusieurs journalistes, Reporters sans frontières (RSF) demande au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de mettre fin au climat d’impunité dont jouit l’armée israélienne.
M. Benyamin Netanyahou
Premier ministre israélien
3 Kaplan St. Hakirya
Jerusalem, 91950
Israël
A Paris, le 30 septembre 2015
Monsieur le Premier ministre,
Reporters sans frontières (RSF), organisation internationale de défense de la liberté de l’information, attire votre attention sur les violences commises contre les journalistes par des membres des forces israéliennes.
Le 25 septembre dernier, les journalistes Andrea Bernardi et Abbas Momani, respectivement vidéaste italien et photographe palestinien de l’Agence France Presse (AFP), ont été sauvagement agressés par des soldats israéliens alors qu’ils s’apprêtaient à couvrir des heurts opposant des soldats israéliens à de jeunes Palestiniens dans la localité de Beit Furik, en Cisjordanie. Bien que facilement identifiables comme journalistes, comme le montre la vidéo de l’attaque publiée sur Internet, les deux hommes ont été brutalement molestés et une partie de leur matériel a été détruit ou confisqué. La suspension de l’officier en charge de l’opération ainsi que l’ouverture d’une enquête est un premier pas dans la bonne direction, mais RSF estime que davantage de mesures doivent être prises afin de mettre fin à l’impunité dont jouit l’armée israélienne.
Cette agression, qui constitue une atteinte directe et grave à l’encontre de la liberté de l’information, n’est en effet pas un cas isolé. Depuis le début de l’année 2015, RSF a recensé de nombreuses exactions envers des journalistes commises par la police ou l’armée israéliennes.
A l’occasion du Nouvel an juif en septembre dernier, une dizaine de journalistes ont été sérieusement malmenés et empêchés de couvrir les affrontements sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. En plus de recevoir des gaz lacrymogènes lancés par la police, certains ont été ciblés et violemment bousculés, ont reçu des coups et vu leur matériel endommagé.
En 2014, 15 journalistes, professionnels ou non, ont été tués lors de l’opération “Bordure Protectrice”, qui a début le 8 juillet à Gaza, dont neuf dans l’exercice de leurs fonctions. Depuis 2013, Reporters sans frontières fait figurer l’armée israélienne parmi les “Prédateurs de la liberté de la presse” pour ses attaques contre des médias et des journalistes. En 2015, Israël a perdu cinq places au Classement mondial de la liberté de la presse établi par notre organisation. Le pays est désormais classé à la 101e place (sur 180).
Monsieur le Premier ministre, l’attitude de certains soldats israéliens à l’égard de la presse est inacceptable. RSF demande la tenue d’enquêtes effectives pour punir tous les responsables des attaques à l’encontre de la liberté d’information et mettre ainsi fin à ce climat intolérable d’impunité.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette demande, je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma très haute considération.
Christophe Deloire,
Secrétaire général