Mohsen Sazgara a été libéré de prison

Mohsen Sazgara, emprisonné depuis le 15 juin, a été libéré le 6 octobre. En 110 jours de prison, le journaliste a fait deux grèves de la faim et perdu 20 kg. Le 3 octobre, Reporters sans frontières avait demandé aux autorités iraniennes des garanties sur son état de santé.

Lundi 6 octobre, Mohsen Sazgara a été libéré de prison. Les pressions, locales et internationales, s'étaient multipliées auprès du procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, pour obtenir des nouvelles du journaliste que sa famille n'avait pu voir depuis le 14 août. Après son arrestation, celle-ci avait accepté de payer une caution de six milliards de rials (750 000 USD), mais le journaliste n'avait pas été libéré. Suite à des rumeurs sur la mort de Mohsen Sazgara, malade et en grève de la faim, sa famille avait demandé à le voir et ses parents menaçaient, dans une lettre adressée à Saïd Mortazavi, de saisir les tribunaux internationaux s'ils n'avaient pas des nouvelles sous les 24 heures. Cette lettre a d'ailleurs été publiée sur le site réformateur d'informations www.emruz.ws. Démentant toutes les rumeurs sur les conditions de santé du journaliste, Saïd Mortazavi avait déclaré que le journaliste allait bien, " était en pleine possession de ses moyens physiques et mentaux ", ajoutant : " L'organisation pénitentiaire dément toute rumeur sur une quelconque grève de la faim ". Mohsen Sazgara a observé deux grèves de la faim, de 56 et 23 jours, et a perdu 20 kg au cours de sa détention. " Pendant ces 110 jours d'emprisonnement, j'ai du être hospitalisé cinq fois à l'hôpital Baghiatollah. J'y étais encore dimanche dernier", a déclaré Mohsen Sazgara lors de sa première interview. Le journaliste devrait être au plus tôt transféré dans un hôpital privé pour un bilan de santé. ---------------------------------------------------------------- 3.10.2003 Reporters sans frontières demande aux autorités iraniennes des garanties sur l'état de santé de Mohsen Sazgara. Depuis le 14 août 2003, date de sa dernière visite, aucune nouvelle sur l'état de santé de Mohsen Sazgara n'a été donnée à la famille du journaliste emprisonné, depuis le 15 juin. Cardiaque, très amoindri par une grève de la faim, Mohsen Sazgara a été transféré le 2 octobre à l'hôpital Baghiatollah de Téhéran, celui-là même où Zahra Kazemi a fini ses jours. "Reporters sans frontière demande aux autorités de donner immédiatement des garanties sur l'état de santé de Mohsen Sazgara et d'autoriser son propre médecin de famille à lui rendre visite. Il ne faudrait en aucun cas que sa vie soit mise en danger, ni sur le plan médical, ce qui pourrait arranger certains, ni pour cause de mauvais traitements, ce qui n'est pas inhabituel à la prison d'Evine, comme l'a démontré récemment l'assassinat de Zahra Kazemi. Nous demandons également à la Commission européenne de faire pression sur les autorités de la République islamique pour entreprendre une inspection des prisons iraniennes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Mohsen Sazgara est l'un des fondateurs de la presse réformatrice. Il a été le directeur de publication des quotidiens Jameh, Neshat et Tous, aujourd'hui suspendus, et le créateur du site www.alliran.net (fermé après son arrestation). Analyste politique courageux, il n'a pas hésité à écrire que " l'expérience de ces cinq dernières années montre que le pouvoir religieux ne peut être réformé, et ne peut être efficace". Il a également osé qualifier de "dictatorial" le pouvoir du Guide de la République, l'ayatollah Khamenei. Il a été inculpé pour atteinte à la sécurité nationale, insulte au Guide de la République et propagande contre l'Etat, et condamné, le 27 septembre 2003, à une peine d'un an de prison ferme. Il est indéniable que Mohsen Sazgara gêne les prédateurs de la liberté de la presse, qui redoutent sans doute, qu'une fois sorti de prison, il ne fasse des révélations sur ses conditions de détentions et les pratiques en vigueur à la prison d'Evine. Plusieurs journalistes actuellement emprisonnés sont entre les mains des services du procureur Saïd Mortazavi et des gardiens de la révolution et ce, dans les locaux mêmes où Zahra Kazemi a reçu le coup qui a entraîné sa mort. Avec 17 journalistes actuellement emprisonnés, l'Iran est la plus grande prison pour les journalistes du Moyen-Orient.
Publié le
Updated on 20.01.2016