Mohammed Abbou entame sa troisième année de prison : Reporters sans frontières manifeste devant l'office du tourisme tunisien à Paris

Des militants de Reporters sans frontières ont manifesté, le 1er mars, devant l'office du tourisme de Tunisie à Paris, pour dénoncer le maintien en détention de l'avocat Mohammed Abbou, emprisonné depuis exactement deux ans pour avoir critiqué le président Ben Ali dans des articles publiés sur Internet. Une vingtaine de membres de l'organisation ont collé des affiches à l'effigie du cyberdissident sur les vitres de l'agence.

Des militants de Reporters sans frontières se sont rassemblés, le 1er mars 2007 à 10h30, devant l'office du tourisme de Tunisie à Paris, pour dénoncer le maintien en détention de l'avocat Mohammed Abbou, emprisonné depuis exactement deux ans pour avoir critiqué le président Ben Ali dans des articles publiés sur Internet. Une vingtaine de membres de l'organisation, suivis de journalistes, ont collé des affiches à l'effigie du cyberdissident sur les vitres de l'agence et brandi des banderoles réclamant sa libération. "Mohammed Abbou est un prisonnier personnel du président tunisien, dont il dénonçait la politique répressive et la corruption. Son emprisonnement, et le harcèlement permanent dont est victime sa famille, n'a que trop duré. Il faut montrer aux touristes le vrai visage du régime tunisien. Car l'envers de la carte postale, c'est un Etat policier qui n'hésite pas à emprisonner les internautes qui s'opposent à lui. L'anniversaire de l'arrestation de Mohammed Abbou doit être l'occasion pour les diplomates de hausser le ton envers la Tunisie et notamment de demander la levée des mesures de filtrages mises en place contre les sites d'informations indépendants", a déclaré Reporters sans frontières. La façade de l'office du tourisme a été entièrement recouverte d'affiches portant des inscriptions telles que "Tunisie, terre de répression" ou "Mohammed Abbou, deux ans ça suffit". Les militants de l'organisation, accompagnés de membres d'associations de défense des droits de l'homme tunisiennes, ont scandé "Libérez Abbou" pendant près d'une heure devant le bâtiment. Mohammed Abbou L'avocat Mohammed Abbou a été arrêté il y a deux ans, le 1er mars 2005, puis condamné, quelques semaines plus tard, à trois ans et demi de prison. Il est accusé d'avoir publié sur le site Tunisnews, en août 2004, un article dans lequel il comparait les tortures infligées à des prisonniers politiques en Tunisie aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib. Toutefois, selon de nombreux observateurs présents au procès, sa condamnation serait due en réalité à un autre article, publié sur Internet quelques jours avant son arrestation, dans lequel il critiquait l'invitation faite à Ariel Sharon d'assister à un sommet de l'ONU organisé à Tunis et dénonçait, sur un ton ironique, la corruption de la famille du Président. Pour alourdir la sentence, le dossier d'accusation a été étoffé, quelques jours avant l'audience, d'une prétendue "agression" à l'encontre de l'une de ses consoeurs, un incident qui se serait produit près de deux ans avant son arrestation. Depuis l'incarcération de Mohammed Abbou, sa femme, Samia, et ses trois enfants sont l'objet d'un harcèlement permanent de la part de la police. Ils sont suivis dans tous leurs déplacements et sont régulièrement victimes d'insultes et de menaces. Chaque fois qu'ils tentent de rendre visite à l'avocat, détenu à 170 kilomètres de leur domicile, ils sont interpellés sur le chemin menant à la prison et parfois molestés. La Tunisie, 148e sur 168 du classement mondial de la liberté de la presse Les engagements du président de la République Zine el-Abidine Ben Ali en faveur d'une plus grande liberté de la presse ne sont que de la poudre aux yeux. Le pluralisme de l'information n'existe pas et les sites Internet dénonçant la politique du gouvernement tunisien sont systématiquement censurés. La libéralisation de l'audiovisuel est un mensonge et la censure administrative est toujours utilisée pour empêcher la création de médias indépendants. Pour plus d'informations sur la liberté de la presse en Tunisie, consultez le rapport publié en 2005 par Reporters sans frontières : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14253 Il y a plus de 15 ans, Reporters sans frontières mettait en place le " parrainage " et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Mohammed Abbou est parrainé par Aldaketa Hamasei-Cambio 16, El Periodico de Catalunya, CIBL FM, Campus, Quartier Libre, Le Métropolitain, categorynet.com, la maison de la presse de Charleroi
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Updated on 20.01.2016