Reporters sans frontières prend acte de la libération de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, le 14 juin 2006, après deux années de prison. Contacté par téléphone, le journaliste a remercié toutes les organisations, notamment Reporters sans frontières, qui se sont mobilisées pour sa libération. "Nous allons continuer le combat pour la liberté de la presse", a-t-il déclaré.
Reporters sans frontières prend acte de la libération de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, le 14 juin 2006, après deux années de prison au centre de détention d'El- Harrach (près d'Alger). Sa femme et plusieurs confrères l'attendaient à sa sortie de prison. "Je remercie toutes les organisations, notamment Reporters sans frontières, qui se sont mobilisées pour ma libération (...) Nous allons continuer le combat pour la liberté de la presse", a déclaré le journaliste par téléphone.
"Cette longue peine de prison a prouvé l'acharnement des autorités algériennes envers Mohamed Benchicou, victime de la dérive autoritaire du pouvoir à l'encontre de la presse privée du pays. Le président Bouteflika avait poussé le cynisme jusqu'à gracier, en mai 2006, les journalistes condamnés à des peines de prison définitives. Mais Mohamed Benchicou, le seul susceptible de bénéficier de cette grâce, n'avait pas été libéré", a déclaré Reporters sans frontières.
L'organisation demande que les plaintes en cours contre Mohamed Benchicou, qui était incarcéré depuis le 14 juin 2004, soient annulées et que son passeport lui soit rendu. Reporters sans frontières a par ailleurs convié le journaliste à donner une conférence de presse dans ses locaux, à Paris, dès que possible.
"Nous tenons également à saluer le courage de son épouse, Fatiha, qui a mené un combat sans relâche, ces deux dernières années, pour obtenir la libération de son mari", a conclu l'organisation.
Mohamed Benchicou avait été condamné à deux ans de prison, le 14 juin 2004, pour "infraction à la législation sur les mouvements de capitaux ". Le journaliste avait été interpellé à l'aéroport d'Alger, le 23 août 2003, en possession d'un reçu bancaire (bon de caisse), portant sur une forte somme d'argent et libellé en dinars.
Les avocats de Mohamed Benchicou avaient insisté, lors de ses multiples procès, sur le fait que ce reçu ne signifiait en aucun cas qu'il aurait procédé à des transports et des mouvements de capitaux, puisqu'il ne s'agissait ni de devises, ni de liquidité, mais bien d'un document sans valeur fiduciaire, et uniquement encaissable, en dinars, auprès de sa banque. Pour eux, cette condamnation n'a aucun fondement juridique.
En février 2004, Mohamed Benchicou avait publié un pamphlet intitulé "Bouteflika, une imposture algérienne", pendant la campagne présidentielle.
Le 26 juin 2004, le siège du Matin a été vendu aux enchères suite à un redressement fiscal. Le quotidien a ensuite été contraint d'arrêter sa parution, le 24 juillet, sous la pression d'une imprimerie d'Etat qui réclamait le règlement de ses dettes.
Le directeur du Matin ainsi qu'une vingtaine de journalistes de la presse privée algérienne sont les cibles d'un harcèlement judiciaire sans relâche, recevant convocations sur convocations, suite à des plaintes pour diffamation émanant du pouvoir.