Mobilisation pour Frédéric Nérac et Guy-André Kieffer : les familles des deux journalistes interpellent les candidats à l'élection présidentielle en France
Reporters sans frontières, les comités de soutien et les familles de Frédéric Nérac et Guy-André Kieffer se sont réunis, le 22 mars 2007, place de la Nation à Paris sous les portraits des deux journalistes, quatre ans jour pour jour après la disparition de Frédéric Nérac, pour lancer un appel aux candidats à l'élection présidentielle sur le sort des deux hommes.
Reporters sans frontières, les comités de soutien et les familles de Guy-André Kieffer et Frédéric Nérac se sont réunis, le 22 mars 2007, place de la Nation à Paris, sous les portraits des deux journalistes, quatre ans jour pour jour après la disparition de Frédéric Nérac en Irak. Ils ont lancé un appel aux candidats à l'élection présidentielle à s'engager dans “un combat sans relâche pour que la vérité soit établie” sur le sort des deux hommes. Frédéric Nérac travaillait pour la chaîne privée britannique ITN lorsqu'il a disparu le 22 mars 2003, au sud de l'Irak. Guy-André Kieffer, journaliste indépendant, a quant à lui disparu à Abidjan, en Côte d'Ivoire le 16 avril 2004.
“Tant qu'aucun élément ne permettra de déterminer avec certitude ce qui est arrivé à Frédéric Nérac et Guy-André Kieffer, nous devons rester mobilisés pour que la vérité soit établie. Seul un engagement au plus haut niveau de l'Etat permettra d'obtenir des résultats concrets”, a déclaré l'organisation.
Disparition de Frédéric Nerac
Le 22 mars 2003, alors que les troupes américaines contournaient Bassorah pour arriver plus rapidement à Bagdad (à 550 km de la capitale), deux voitures de la chaîne de télévision britannique ITN ont été prises sous des tirs irakiens et américains à l'est de la ville, près de l'enclave sunnite d'Al-Zoubeir. Dans le premier véhicule, le cameraman belge Daniel Demoustier a été blessé tandis que le grand reporter britannique Terry Lloyd a été tué par balles. L'enquête menée par la justice britannique a révélé que le journaliste avait d'abord été blessé dans le dos par des miliciens irakiens. Il a ensuite été tué d'une balle dans la tête par des soldats américains alors qu'il était évacué dans un minibus pour être soigné. Les autorités américaines ont jusqu'à présent refusé de présenter les soldats, membres de la companie Delta présente sur les lieux, à la justice britannique, assurant qu'ils avaient respecté les règles d'ouverture du feu. Le 19 mars 2007, ITN a révélé les noms de seize soldats américains impliqués dans la fusillade.
Le second véhicule d'ITN, dans lequel se trouvaient le cameraman français Frédéric Nérac et l'interprète libanais Hussein Othman, avait fait demi-tour pour éviter les tirs lorsqu'il a été intercepté par un pick-up, armé d'un fusil-mitrailleur, de combattants irakiens. Les deux hommes ont alors disparu mystérieusement. Cinq enquêtes ont été menées par différentes sources indépendantes dont la rédaction du journaliste. D'après plusieurs témoins occulaires, les combattants irakiens auraient fait monter Frédéric Nérac et Hussein Othman dans leur voiture. L'un de leurs hommes aurait alors conduit le véhicule d'ITN dans le local du parti Baas d'Al-Zoubeir, où a été retrouvée l'accréditation transfrontalière de Frédéric Nérac. L'analyse du pick-up des combattants irakiens ne s'est pas révélée concluante à cause de l'état avancé de calcination du véhicule. Quatre ans après les faits, le corps de Frédéric Nérac n'a toujours pas été retrouvé. Aucun élément précis ne permet de conclure que le journaliste a été pris dans les échanges de tirs ou qu'il a été transporté au siège du parti Baas pour y être exécuté.
Disparition de Guy-André Kieffer
Le journaliste indépendant franco-canadien Guy-André Kieffer, ancien collaborateur de La Tribune et spécialisé dans les matières premières, a été kidnappé sur le parking d'un supermarché d'Abidjan, le 16 avril 2004 vers 13 heures, après être tombé dans un guet-apens tendu par un membre de l'entourage du président Laurent Gbagbo.
Depuis, sa famille et ses proches n'ont reçu de lui aucun signe de vie. Les investigations menées par deux juges français ont révélé que ce journaliste enquêtait sur des détournements de fonds au sein de la filière café-cacao en Côte d'Ivoire. Il dérangeait le pouvoir en place en révélant sa face cachée et son approvisionnement en argent sale, le nerf de la guerre.
Michel Legré, beau-frère de l'épouse du président Laurent Gbagbo et dernière personne à avoir vu le journaliste vivant, ainsi qu'un ancien capitaine de l'armée ivoirienne soupçonné d'avoir été le chef du commando des kidnappeurs, ont été mis en examen dans cette affaire. Mais les investigations sont freinées par l'obstruction du pouvoir ivoirien et le peu de volonté politique de la France.