Michel Kilo formellement accusé d'avoir “affaibli le sentiment national"

Le journaliste et écrivain Michel Kilo a été officiellement inculpé de trois chefs d'accusation, le 26 mars 2007, par le tribunal correctionnel à Damas, pour avoir signé la déclaration “Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth”. “La justice syrienne s'entête à poursuivre une procédure inique contre Michel Kilo et d'autres activistes des droits de l'homme. On peut se demander dans quelles conditions les juges exercent leur fonction alors que les pressions politiques du parti Baas sur la magistrature ne font que les affaiblir et les priver de leur rôle de garants de la loi”, a déclaré l'organisation. Le 26 mars 2007, le tribunal correctionnel de Damas a retenu trois chefs d'accusation, passibles d'au moins trois ans de prison : avoir “affaibli le sentiment national”, “propagé de fausses informations” et incité à des “dissensions confessionnelles et raciales”. Michel Kilo a signé, aux côtés de 300 intellectuels et artistes syriens et libanais, la déclaration “Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth”, qui souligne la nécessité de “respecter et consolider la souveraineté et l'indépendance des deux pays dans le cadre de relations institutionnalisées et transparentes qui servent les intérêts des deux peuples”. Le journaliste a été interpellé le 14 mai 2006 et n'a pas pu bénéficier, à ce jour, de mise en liberté provisoire malgré plusieurs requêtes de ses avocats. Deux autres signataires, l'avocat Anouar Al-Bounni et le militant communiste Mahmoud Issa, ont également été arrêtés et poursuivis en justice dans la même affaire. A l'occasion de la réunion du Conseil des droits de l'homme, qui s'est ouverte le 12 mars 2007 à Genève, Anouar Al-Bounni a interpellé Louise Arbour, haut-commissaire pour les droits de l'homme auprès des Nations unies, au sujet de la situation humanitaire en Syrie. “La torture est toujours pratiquée en Syrie, et d'une manière bestiale. J'en ai été moi-même le témoin, malgré le fait que la prison où je me trouve est « civile », c'est-à-dire ni militaire ni sécuritaire. Les prisonniers sont réprimés sauvagement, leurs droits ne sont pas reconnus, leurs biens sont confisqués, ils sont régulièrement humiliés pour briser leur dignité humaine. Nous-mêmes, prisonniers politiques, avons été mêlés aux droits communs les plus dangereux qui nous ont agressés à la demande des autorités. (...) Avec mes codétenus à la prison civile d'Adra, nous avons l'espoir que des mesures concrètes seront prises pour obliger les autorités syriennes à respecter les droits de l'homme, libérer les détenus pour délits d'opinion et les prisonniers politiques, (...) abolir l'état d'urgence qui dure depuis quarante-quatre ans, rétablir la liberté de parole et de conscience, la liberté de la presse, la liberté de créer des associations civiles et des organismes de défense des droits de l'homme, (...) respecter l'indépendance et la neutralité de la Justice”, a écrit l'avocat depuis la prison d'Adra, où il est détenu depuis plus de dix mois. Il y a plus de 16 ans, Reporters sans frontières mettait en place le "parrainage" des journalistes emprisonnés et appelait les médias internationaux à soutenir l'un d'entre eux. Plus de 200 rédactions dans le monde, des associations de journalistes, des clubs de la presse ou des institutions soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l'oubli. Michel Kilo est ainsi soutenu par : Le Pèlerin (France), Club de la presse Méditerranée 06 (France), Varios Foros (Espagne), Asociacion de la Prensa de Almeria (Espagne), Ayuntamiento de Calafell (Espagne).
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Updated on 20.01.2016