Mexique : un journaliste sous protection assassiné

Le journaliste mexicain Jorge Miguel Armenta Ávalos a été abattu par balle le samedi 16 mai 2020 à Ciudad Obregon, dans l’Etat de Sonora, portant à trois le nombre de journalistes tués au Mexique depuis le début de l'année. RSF exhorte les autorités à mener une enquête exhaustive sur l’affaire en privilégiant la piste professionnelle.

Le journaliste mexicain Jorge Miguel Armenta Ávalos, âgé de 44 ans, a été brutalement abattu en pleine rue samedi 16 mai 2020 à Ciudad Obregon dans le nord du Mexique. Il a été surpris par un groupe de quatre hommes, armés de fusils, qui ont ouvert le feu à plusieurs reprises alors qu’il sortait d’un restaurant. Le journaliste venait de déjeuner avec des agents de sécurité de la municipalité ; l’un d’eux a été abattu, tandis qu’un autre a été blessé. Les escortes policières censées assurer la protection du journaliste n'étaient pas présentes sur place lors de l'attaque.


Jorge Miguel Armenta Ávalos était le fondateur et directeur du quotidien local Medios Obson El Tiempo. Il était sous protection de l’Etat, intégré depuis 2016 au programme fédéral de protection des défenseurs des droits de l’Homme et journalistes depuis qu’il avait reçu des menaces. Selon les informations obtenues par RSF, les mesures de protection mises en place pour assurer la sécurité du journaliste avaient été renforcées, en vertu de l'évaluation des risques estimés par le programme de protection en 2019.


D’autres journalistes du même média ont également été récemment victimes de menaces et bénéficient actuellement de mesures de protection. Le quotidien enquête régulièrement sur l’activité des groupes criminels dans la région, plaque tournante importante du trafic de drogue dans le pays. 


Reporters sans frontières exhorte les autorités à mener une enquête exhaustive sur l’assassinat de Jorge Miguel Armenta Ávalos et à renforcer les mesures de protection des journalistes de Medios Obson, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de l’organisation. Le fait qu’un journaliste sous la protection de l’Etat soit assassiné en plein jour démontre l’ampleur de la violence contre la profession. Le gouvernement fédéral doit faire preuve d’une réelle volonté politique pour mettre fin à cette hécatombe et lutter contre l'impunité, qui est aussi un fléau dans le pays


En effet, la probabilité que les commanditaires de ces meurtres soient jugés un jour est quasi nulle, car le pays se distingue aussi par le taux d’impunité des crimes commis contre les journalistes, qui dépasse 90 %.


Jorge Miguel Armenta Ávalos est le troisième journaliste assassiné au Mexique en 2020, après María Elena Ferral Hernández, abattue par balle le 30 mars dans l’Etat de Veracruz et Víctor Fernando Álvarez Chávez, brutalement exécuté le 11 avril dans l'Etat de Guerrero.
En 2019, 10 journalistes ont été tués au Mexique, soit autant que dans la Syrie, un pays en guerre.


Le pays se place au 143e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 publié par RSF.

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Mise à jour le 19.05.2020