Mexique: un journaliste auteur d’un livre sur le gouverneur du Veracruz harcelé et menacé

Dans le sillage de la parution de son livre sur le mandat de Javier Duarte, gouverneur de l’Etat du Veracruz, Noé Zavaleta, journaliste mexicain et correspondant au Veracruz de l’hebdomadaire Proceso, est victime de harcèlement et d’une campagne de déstabilisation. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités à assurer la protection du journaliste.

Correspondant au Veracruz pour le magazine mexicain Proceso, Noé Zavaleta a eu la lourde tâche de succéder à Regina Martínez, l’ancienne envoyée spéciale de Proceso sur la zone, brutalement assassinée en 2012.



Dans le sillage de la parution de son livre El Infierno de Javier Duarte (“L’Enfer de Javier Duarte”), début juillet, dans lequel Noé Zavaleta dénonce les innombrables malversations ayant entaché le mandat du gouverneur sortant de l’État du Veracruz, le journaliste a déclaré avoir reçu des menaces sur les réseaux sociaux et être victime de harcèlement en ligne et de tentatives d’intimidation.


Cette campagne de déstabilisation et ces menaces à l’encontre du correspondant Noé Zavaleta sont très préoccupantes et doivent immédiatement cesser, déclare Emmanuel Colombié, responsable du bureau Amérique Latine pour RSF. Le lourd bilan des assassinats (17 depuis 2010) et des violences contre les journalistes du Veracruz justifie une intervention urgente de l’Etat Mexicain sur le cas de Noé Zavaleta. Les autorités doivent prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité du journaliste et punir les responsables de ces menaces à répétition.”


Noé Zavaleta a évidemment alerté les autorités nationales de sa situation, mais attend encore des réponses et solutions complètes d’accompagnement.


José Abella, directeur du quotidien El Buen Tono et proche de Javier Duarte, est cité dans l’ouvrage comme ayant bénéficié de contrats publicitaires privilégiés avec le gouvernement du Veracruz. Une révélation qui ne lui a visiblement pas plu, puisqu’il a publiquement menacé Noé Zavaleta, notamment sur sa page profil Facebook. De plus, depuis la semaine dernière, une photo de Noé Zavaleta portant une arme dans une station de police, prise lors d’un de ses reportages, circule sur les réseaux sociaux. Celle-ci est accompagnée de commentaires l’associant aux groupes criminels locaux, en particulier le cartel “Los Zetas”. Noé Zavaleta a confié à RSF être particulièrement préoccupé par cette campagne tentant de le lier à ces groupes criminels.


Au Veracruz, l’un des états les plus dangereux du Mexique pour les journalistes, ce genre de campagne de désinformation n’est pas une première. En février 2016, après la disparition puis l’assassinat de la journaliste Anabel Flores, le même José Abella avait affirmé l’avoir licenciée de son journal en raison de ses prétendus liens avec le crime organisé.


Entre 2013 et juin 2016, la Commission d’attention et protection aux journalistes du Veracruz (CEAPP) a recensé 176 cas de violence contre des journalistes : intimidations, menaces, agressions, cyber-attaques, chantages, assassinats, disparitions forcées...


Le 20 juillet 2016, le journaliste Pedro Tamayo était le 9e journaliste assassiné au Mexique depuis le début de l’année.


Le Mexique est 149e sur 180 au Classement mondial sur la liberté de la presse établi par RSF en 2016.
Publié le
Mise à jour le 11.08.2016