Mexique : “AMLO”, presque six ans au pouvoir et aucune avancée pour la protection des journalistes

Sous le mandat du président Andrés Manuel López Obrador, le Mexique est resté le pays en paix déplorant le plus grand nombre de journalistes assassinés – au moins 37 en six ans. À l’approche des élections générales du 2 juin, Reporters sans frontières (RSF) demande aux candidats de s’engager à enfin prendre des mesures concrètes pour la protection des journalistes et la lutte contre l’impunité.

Avec 37 journalistes tués et 5 portés disparus au cours de près de six ans de mandat, le président sortant, Andrés Manuel López Obrador, a échoué à résorber cette tragédie et à lutter contre l’impunité des crimes contre les journalistes. Il avait pourtant assuré lors de son  discours d'investiture le 1er décembre 2018 :Il n’y aura plus de journalistes assassinés.” 

Le bilan est sans appel : au-delà du chiffre effroyable de reporters qui ont perdu la vie, aucune réforme du système de protection des journalistes n’a été mise en œuvre malgré les recommandations en la matière d’organisations comme RSF. Pire, le président n’a cessé de tenir un discours hostile au travail des médias à de nombreuses reprises, en particulier lors de ses conférences de presse matinales quotidiennes.  

“Andrés Manuel López Obrador s’approche de la fin de son mandat en laissant derrière lui un bilan dramatique résultant d’une banalisation des violences contre les journalistes. Il n'a pas fait de leur protection une priorité et a laissé prospérer une spirale de violence contre la presse et la montée des ‘zones de silence’, provoquant l'érosion du droit à l'information dans le pays. En vue des élections générales du 2 juin prochain, RSF appelle les candidats à s’engager à enfin prendre des mesures concrètes  en matière de protection des professionnels des médias et de lutte contre l’impunité des crimes commis envers les journalistes.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique Latine de RSF

Au Mexique, le journalisme est une profession à haut risque. Le fléau n’est pas nouveau : depuis 1995, au moins 156 journalistes, dont 143 hommes et 13 femmes ont été assassinés pour avoir enquêté sur des sujets relatifs au crime organisé, à l'insécurité ou encore au trafic de drogue. Et si les présidents qui ont précédé AMLO, Felipe Calderón et Enrique Peña Nieto, ont connu des bilans meurtriers, le bilan observé à l’issue du mandat d’AMLO contraste particulièrement avec ses déclarations à son arrivée au pouvoir.

Ce constat est particulièrement inquiétant dans certains États, qui concentrent les pires chiffres en matière de violence, comme dans les trois États les plus dangereux : Guerrero, Veracruz et Tamaulipas, où travaillaient 42 % des professionnels des médias tués depuis 1995 (66 au total).

En 2019, RSF et Propuesta Cívica ont saisi la Cour pénale internationale (CPI) des crimes commis contre 116 journalistes au Mexique entre 2006 et 2018. Depuis cette saisine, aucune mesure n’a été prise par le gouvernement. 

Les espoirs reposent désormais sur les épaules des trois candidats en lice pour la présidentielle, Claudia Sheinbaum, membre de la coalition au pouvoir, Xóchitl Gálvez, représentant l’opposition de droite, et Jorge Álvarez, du Mouvement citoyen. S'ils ont tous les trois fait de l’insécurité et de la corruption leurs principaux thèmes de campagne, ils ne se sont encore jamais officiellement exprimés concernant le sort tragique réservé aux journalistes au Mexique. Il est indispensable qu'ils intègrent des propositions concrètes pour y faire face dans leurs programmes électoraux et leurs propositions de campagne. 

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