A l’occasion de la Journée de la presse, célébrée au Kurdistan ce 22 avril, Reporters sans frontières tient à rappeler son soutien aux journalistes indépendants de la région, qui bravent les violences et les pressions.
A l’occasion de la Journée de la presse, célébrée au Kurdistan ce 22 avril, Reporters sans frontières tient à rappeler son soutien aux journalistes indépendants de la région, qui bravent les violences et les pressions.
Le Kurdistan a en partie été épargné par les conflits sanglants en Irak engendrés par l’intervention américaine de mars 2003. Mais cette région est aujourd’hui le théâtre de nombreuses violations de la liberté de la presse.
L’assassinat, le 21 juillet 2008, de Soran Mama Hama a endeuillé la profession. Ce journaliste travaillant pour le magazine Leven à Kirkouk était connu pour ses articles sans complaisance à l’égard des élus locaux et des responsables sécuritaires. Il avait reçu de nombreuses menaces lui intimant l’ordre de cesser ses enquêtes. Mais son courage et son professionnalisme l’ont poussé à continuer. Il a été tué par balles à son domicile. Il avait 23 ans. Malgré la mobilisation de la profession, l’enquête est restée au point mort. Reporters sans frontières réitère aujourd’hui son appel aux autorités du Kurdistan afin qu’elles ouvrent une enquête approfondie pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de ce journaliste.
Récemment, dans la nuit du 9 au 10 avril dernier, la journaliste Azeez Mahmoud, correspondante du journal hebdomadaire Roudaou en langue kurde, a échappé à une tentative d’assassinat, alors qu’elle rentrait à son domicile de Suleimanieh en voiture. Une enquête a été ouverte. Reporters sans frontières exhorte le gouvernement de la province du Kurdistan à faire la lumière sur cet incident qui aurait pu coûter la vie à cette journaliste.
L’organisation condamne fermement les poursuites judiciaires intentées contre plusieurs journalistes par des hommes politiques de la région. De nombreux cas de procès, engagés suite à des révélations sur la corruption ou la mauvaise gestion des affaires publiques par les dirigeants de la région, ont ainsi été recensés.
Surwan Omar, rédacteur en chef du magazine Rika et responsable de l’agence Kurdistan News, a été arrêté au Kurdistan irakien, le 17 mars 2009, suite à une plainte déposée par le maire de Raniyah, Jiwar Gorna. Cette plainte faisait suite à la publication d’un reportage sur les abus de pouvoir de plusieurs responsables locaux. Surwan Omar a été contraint de payer une caution de 3 000 000 de dinars (2000 euros) pour pourvoir sortir de prison. La date de son procès n’est pas encore fixée.
Par ailleurs, Abd Arif, rédacteur en chef du journal en langue kurde Haoulati a été condamné le 15 mars 2009 à verser une amende de 13 millions de dinars (8 500 euros), suite à une plainte déposée par le président de la République Jalal Talabani, qui lui reprochait d'avoir repris, dans le numéro 387 de Haoulati daté du 13 janvier 2008, la traduction d’un article du journaliste américain Michael Robin publié dans la revue Middle Eastern Outlook. Cet article accusait Jalal Talabani d'avoir détourné 400 millions de dollars, et évoquait de façon plus générale le manque de transparence concernant les revenus et acquisitions des dirigeants irakiens. Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Safa Al Safi, le 17 mars 2009, Reporters sans frontières a demandé la clémence pour Abd Arif. En effet, cette amende met en péril l’existence de cet hebdomadaire, qui est le plus ancien journal kurde.
Le 25 février 2009, Jassem Mohamed, directeur de la chaîne Dalal, a été arrêté par les forces de sécurité kurdes dans la province d'Erbil, après publication dans le journal local Awene d'un entretien, dans lequel il affirmait que sa précédente détention de deux semaines en janvier 2009 n'avait "aucune base juridique et était contraire aux droits de l'homme". La publication de ces propos lui avait valu d’être à nouveau arrêté.
Par ailleurs, la police a trop souvent interdit aux journalistes de couvrir certains événements. Par exemple, le 4 avril à Badil, lorsque les forces de l’ordre ont empêché une équipe de la chaîne Farhat de filmer une manifestation en soutien aux détenus politiques.
Ces quelques exemples ne sont que des illustrations des pressions que les journalistes du Kurdistan irakien subissent au quotidien. Le correspondant de Reporters sans frontières dans la région prendra la parole aux cérémonies organisées par le magazine Leven, et soutenues par l'IREX, prévues à l’occasion de cette Journée de la presse. Un « Soran Award » sera remis à trois journalistes reconnus par la profession pour la qualité de leur travail.