Menaces de suspension contre l'un des derniers hebdomadaires indépendants
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Reporters sans frontières a appris avec consternation que le président de la Commission des médias et de l'information (MIC) du Zimbabwe, Tafataona Mahoso, avait menacé l'hebdomadaire indépendant Financial Gazette (FinGaz) de révoquer sa licence de publication. La rédaction en chef de l'un des derniers médias libres du pays a refusé de publier un démenti d'un article paru le 1er décembre 2005, remettant en cause l'indépendance de l'organe de régulation des médias, notoirement contrôlé par le gouvernement et les services de renseignements.
« Il a été largement démontré que la MIC, qui a suspendu quatre journaux en trois ans, prend ses ordres au sommet de l'Etat, a déclaré Reporters sans frontières. Du coup, réduite à n'être qu'un auxiliaire de police, la commission continue de faire régner la loi du silence, surtout lorsqu'un journal a l'audace de la remettre en cause. Alors que l'Union africaine (UA) semble décidée à tenter de desserrer l'étau qui étrangle la presse libre du Zimbabwe, l'organisation panafricaine ne peut laisser l'une des dernières publications indépendantes du pays être suspendue par le tribunal de la pensée du président Robert Mugabe et de Tafataona Mahoso. »
Le rédacteur en chef de la FinGaz, Sunsleey Chamunorwa, et son adjoint, Hama Saburi, ont été convoqués au siège de la MIC, à une date non précisée, dans la semaine du 9 au 13 janvier 2006. Le président de l'organe de régulation, qui procède actuellement au réexamen annuel des licences des journaux et des accréditations des journalistes, a menacé de suspendre l'autorisation de publication de la FinGaz. Le 8 décembre 2005, le journal avait été sommé par la MIC de publier un démenti de l'article paru la semaine précédente, relatant comment la commission, après avoir accepté d'accorder une licence au propriétaire du quotidien disparu Daily News, avait finalement cédé aux pressions de la Central Intelligence Organisation (CIO, les services de renseignements) pour revenir sur sa décision. Dans son courrier, la MIC ordonnait notamment à la FinGaz que le démenti soit écrit par un journaliste choisi par elle. La direction du journal a refusé d'obtempérer et les éditions suivantes, parues le 15 décembre 2005 et le 5 janvier 2006, ne mentionnaient pas l'incident.
Ces menaces surviennent alors que le ministre de l'Information, Tichaona Jokonya, a annoncé que les lois draconiennes régulant l'exercice du journalisme au Zimbabwe allaient être réformées. Cette décision a été prise après que la 38e session ordinaire de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (ACHPR), une institution de l'UA, avait publié, le 5 décembre, une résolution critiquant durement la législation zimbabwéenne, accusée d'attenter aux droits fondamentaux et aux libertés civiles.
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Updated on
20.01.2016