Maroc : RSF dénonce un contournement de la loi sur la presse pour faire taire le journaliste Hamid El Mahdaoui

Le directeur du site d'information Badil.info, Hamid El Mahdaoui comparaît devant la justice aujourd’hui pour des charges de “diffusion de fausses allégations” et de “diffamation” relevant du Code pénal. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un contournement de la loi relative à la presse et à l’édition, qui aurait dû s’appliquer. Cette procédure inique doit être abandonnée.

Ce lundi 14 octobre 2024,  le journaliste Hamid El Mahdaoui comparaît devant  le Tribunal de Première Instance de Rabat, après une première audience qui a eu lieu le 9 septembre 2024. Cette procédure judiciaire relative à son travail journalistique est inquiétanteCelui qui est aussi directeur du site d'information en ligne Badil.info a été convoqué par la brigade nationale de la Police judiciaire  à la suite d'une plainte pour diffamation déposée par le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi. Celle-ci vise une vidéo publiée le 11 juillet 2023 sur le site Badil.info, où le journaliste critique les actions de ce  ministre. Or, le procureur du Maroc a choisi de poursuivre le journaliste en vertu de dispositions du Code pénal, écartant ainsi le cadre juridique dédié à la presse qui doit s’appliquer dans ces cas-là.  

“Alors que la grâce royale accordée à huit journalistes, dont Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni, , était un un signe prometteur pour l’ouverture d’une nouvelle ère pour la liberté de la presse au Maroc, les poursuites pénales intentées contre le journaliste Hamid El Mahdaoui marque un retour en arrière. Ce contournement de la loi sur la presse  constitue une décision alarmante et RSF dénonce une instrumentalisation de la justice à des fins d’intimidation et de musèlement de la presse, à laquelle il faut immédiatement mettre un terme.

Khaled Drareni
Représentant de RSF en Afrique du Nord

 “Le procès du journaliste Hamid El Mahdaoui s'inscrit dans le cadre des procès d'opinion dans notre pays, dont nous pensions, jusqu'à récemment, avoir définitivement tourné la page”,  déplore l’avocat de Hamid El Mahdaoui, Omar Daoudi. Et il explique : “Le parquet, en établissant les charges dans ce dossier, a tenté de détourner les faits de leur nature journalistique. Il a invoqué des articles du Code pénal afin de contourner la prescription des délits de presse.”.

Le journaliste Hamid El Mahdaoui avait déjà été arrêté en 2017 et condamné en 2018, pour “non-dénonciation d’une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’État”, à trois ans de prison ferme en raison de sa couverture d’une marche pacifique qui avait été interdite par les autorités marocaines. Il a été libéré en juillet 2020. Son média d'information Badil.info s'intéresse aux questions relatives à la lutte contre la corruption et les droits économiques et sociaux.

Le Maroc occupe le 129e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

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