Mansoureh Behkish, voix des “Mères en deuil”, contrainte de retourner en prison?
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Reporters sans frontières s’inquiète vivement de la convocation reçue par Mansoureh Behkish, net-citoyenne et militante, lui enjoignant de se présenter, avant le 29 janvier 2013, au tribunal de l'application des peines de la prison d’Evin pour purger une peine de six mois de détention ferme.
"Nous demandons aux autorités de renoncer à emprisonner Mansoureh Behkish. Le harcèlement dont elle est victime depuis des années est symptomatique de la pression constante exercée par le régime à l’encontre des familles des prisonniers exécutés, dès lors qu’ils n’acceptent pas le silence officiel sur cette affaire. Leur seul crime est de continuer à demander la vérité et la justice sur le sort de ceux qui ont été pendus ou ont disparu dans les fosses communes. Ceux et celles qui osent informer de cette tragédie, comme Mansoureh Behkish, sont condamnés et emprisonnés pour ‘propagande contre le régime’", a déclaré Reporters sans frontières.
Harcelée en permanence, Mansoureh Behkish a déjà été incarcérée à plusieurs reprises. Le 9 janvier 2010, elle avait été arrêtée avec trente-trois “Mères en deuil”, lors d’un rassemblement au parc Laleh, à Téhéran. Les “Mères en deuil” rassemblent toutes les familles et les mères des prisonniers exécutés depuis les années 80 à aujourd’hui. Libérée le 17 mars, elle avait été interdite de sortie du territoire, avant d’être arrêtée à nouveau, le 12 juin 2011, toujours à Téhéran. Elle a alors passé un mois dans la section 209 de la prison d’Evin.
Elle avait été condamnée, en décembre 2011, à quatre ans et demi de prison ferme par la 15ème chambre du tribunal de la Révolution de Téhéran. Sa peine avait ensuite été réduite par la 36ème chambre du tribunal d’appel à six mois de prison ferme pour "propagande contre le régime" et la trois ans et demi avec sursis pour "action contre la sécurité nationale".
Mansoureh Behkish fait également partie des “Mères de Khavaran”, du nom du cimetière de Khavaran, au sud de Téhéran, tristement célèbre pour avoir servi de fosse commune aux prisonniers politiques exécutés en masse en 1988. Elle a écrit de nombreux articles, publiés sur différents sites Internet, à propos de leur situation, des cérémonies qu’elles organisent et de la répression qu’elles subissent. Six proches de Mansoureh Behkish (quatre frères, une sœur et un beau-frère) ont été exécutés dans les années 80. La net-citoyenne doit pourvoir seule aux besoins de sa mère gravement malade.
Publié le
Updated on
20.01.2016