Manifestation de solidarité avec l'hebdomadaire TelQuel

Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné, le 24 octobre 2005, l'hebdomadaire indépendant TelQuel à 10.000 dirhams (915 euros) d'amende et 900 000 dirhams (82 300 euros) de dommages intérêts pour « diffamation » à l'encontre de Touria Bouabid, présidente d'une association d'aide à l'enfance. Reporters sans frontières dénonce l'acharnement judiciaire exercé à l'encontre du journal depuis quelques mois.

Plus de 300 personnes se sont rassemblées, le 8 novembre 2005, à Casablanca, pour manifester leur solidarité avec l'hebdomadaire indépendant marocain TelQuel. Depuis le mois d'août 2005, TelQuel a été condamné à des amendes cumulées de 1 960 000 dirhams (180 000 euros). Parmi les participants à cette action se trouvaient des associations de quartiers et de jeunes, ainsi que des représentants du Comité de la liberté d'expression et de la presse. Cet organisme, nouvellement créé, rassemble, entre autres, le Syndicat national de la presse marocaine, mais aussi des membres de partis politiques de gauche, d'associations de défense des droits de l'homme, d'ATTAC Maroc et du Forum vérité et justice. Contacté par Reporters sans frontières, Ahmed Benchemsi, directeur de l'hebdomadaire, s'est dit touché par cette démonstration de solidarité, « signe que TelQuel inspire confiance aux gens ». -------------------------------------------------------------------------- 31.10.2005 "Le pouvoir veut abattre TelQuel », selon le directeur de l'hebdomadaire Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné, le 24 octobre 2005, l'hebdomadaire indépendant TelQuel à 10.000 dirhams (915 euros) d'amende et 900 000 dirhams (82 300 euros) de dommages intérêts pour « diffamation » à l'encontre de Touria Bouabid, présidente d'une association d'aide à l'enfance. Reporters sans frontières dénonce l'acharnement judiciaire exercé à l'encontre du journal depuis quelques mois. « Nous sommes indignés par la sentence disproportionnée prononcée à l'encontre de TelQuel. En trois mois, pour deux affaires de "diffamation", la justice marocaine a condamné l'hebdomadaire à des amendes et dommages intérêts cumulés de 1 935 000 dirhams (177 000 euros) ! », a déclaré Reporters sans frontières. « Nous espérons que lors des procès en appel des affaires Assali et Bouabid, ces sentences seront largement revues à la baisse. Les médias marocains poursuivis pour diffamation ne devraient pas être asphyxiés financièrement de la sorte », a ajouté l'organisation. En mai 2005, TelQuel a publié un entrefilet qui annonçait que la présidente d'une association d'aide à l'enfance, Touria Bouabid, avait été convoquée par la police pour s'expliquer sur des détournements de fonds qui auraient été constatés au sein de son association. Cette information, émanant de sources policières, a été reprise par quatre journaux : Al Ahdath Al Maghribiya, Al Ayam, Al Ousbouîya Al Jadida et TelQuel. L'information s'étant révélée fausse par la suite, les journaux cités précédemment ont immédiatement publié un démenti. Mme Bouabid a tout de même porté plainte et obtenu gain de cause. TelQuel s'est vu condamné à payer 900 000 dirhams de dommages et intérêts et 10 000 dirhams d'amende, tandis qu'Al Ousbouîya Al Jadida écopait de 30 000 dirhams (2750 euros), Al Ahdath Al Maghribiya et Al Ayam de 100 000 dirhams (9150 euros). Selon les responsables de TelQuel, « le but n'est même plus de (les) éduquer, mais bel et bien de (les) abattre ». Ahmed Reda Benchemsi et Karim Boukhari, respectivement directeur de la publication et chef des actualités de TelQuel, avaient déjà été condamnés, le 15 août, en première instance à Casablanca, à deux mois de prison avec sursis, 25 000 dirhams (2250 euros) d'amende et un million de dirhams (90 000 euros) de dédommagement pour diffamation à l'encontre d'une députée. Dans un billet satirique intitulé "Secret d'une brune", Karim Boukhari avait retracé l'évolution de la carrière d'une députée, la désignant par le pseudonyme d"Asmaa", "pour éviter qu'elle ne crie à la diffamation". Le journaliste racontait comment cette femme qu'il dit être une "ancienne cheïkha" (danseuse populaire), est devenue parlementaire. Malgré l'utilisation de pseudonymes, la députée Halima Assali s'était reconnue et avait intenté une action en justice. Signez la pétition
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Updated on 20.01.2016