Mandat d'arrêt contre tous les journalistes d'un hebdomadaire pour « offense à la cour »
Organisation :
Reporters sans frontières s'inquiète des méthodes disproportionnées employées par la justice libérienne contre l'hebdomadaire privé Forum Newspaper, dont les bureaux ont été fermés et dont l'ensemble de l'équipe éditoriale est sous le coup d'un mandat d'arrêt pour « offense à la cour ».
« Ce qui ressemblait d'abord à un quiproquo prend désormais une tournure inquiétante, a déclaré l'organisation. Fermer les locaux d'un journal et lancer des mandats d'arrêt contre tous ses journalistes sont des actes graves, manifestement disproportionnés dans une affaire de diffamation. Les locaux de Forum Newspaper doivent être rouverts sans condition et les mandats d'arrêt délivrés à l'encontre de son personnel annulés. En période électorale, la justice libérienne devrait s'abstenir de tels coups d'éclat, qui ne peuvent que susciter la réprobation de tous. »
Un tribunal civil de Monrovia a ordonné, le 4 mars 2005, la fermeture des locaux, ainsi que l'arrestation du directeur de publication et de l'équipe éditoriale de l'hebdomadaire Forum Newspaper, sous prétexte que ceux-ci n'avaient pas obéi à plusieurs injonctions à comparaître qui leur auraient été transmises. Le tribunal a estimé que le personnel du journal était coupable d'« offense à la cour ». Les locaux du journal sont fermés jusqu'à ce que le Forum Newspaper paye une amende de 200 dollars américains. Contacté par Reporters sans frontières, le directeur de publication du journal, Augustus Fallah, a nié avoir reçu une convocation et estimé que la décision de la cour était « politiquement motivée ». Il a expliqué qu'il s'efforçait de réunir la somme nécessaire pour la réouverture des bureaux de son journal et qu'en attendant, les journalistes travaillaient depuis leur domicile. L'édition du 8 mars est parue normalement.
Le 5 janvier 2005, le Forum Newspaper avait été poursuivi en justice pour « diffamation » par un homme politique du centre du pays et directeur de l'ONG Hope International pour le Liberia, Melee Kermue. Ce dernier s'estimait diffamé par la publication d'un article intitulé : « Wanted Hope International Boss Escapes Justice from the US » (« Recherché, le directeur de Hope International échappe à la justice américaine »). Il réclamait deux millions de dollars américains de dommages et intérêts. L'article affirmait que Melee Kermue avait quitté les Etats-Unis juste avant que la justice américaine ne l'implique officiellement dans une affaire de trafic de drogue.
Publié le
Updated on
20.01.2016