Maldives : trois journalistes de Raajje TV arrêtés, la chaîne menacée par le parti au pouvoir

Deux journalistes de la chaîne Raajje TV sont maintenus en détention depuis leur arrestation vendredi dernier. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à les libérer immédiatement et à cesser leur acharnement contre les médias d’opposition.

Deux journalistes de la chaîne d’opposition Raajje TV sont détenus par la police depuis leur arrestation vendredi dernier, alors que les manifestations anti-gouvernement se poursuivent dans les rues de Malé. Le reporter Mohamed Wisam et le responsable des programmes Amir Saleem, sont accusés d’avoir réalisé une vidéo qui montrerait des policiers masqués exprimant leur opposition au gouvernement. Ils sont maintenus en détention pour une durée de dix jours, sur ordre de la cour criminelle. Leur collègue Mohamed Fazeen, interpellé le même soir pour avoir “refusé d'obtempérer aux ordres de la police” lors d’une manifestation, a quant à lui été libéré le lendemain.


L’arrestation d’Amir Saleem et de Mohamed Wisam a eu lieu quelques heures après que le président du groupe parlementaire du parti au pouvoir, Ahmed Nihan, a accusé Raajje TV d’être impliquée dans la diffusion d’une “vidéo anti-gouvernement” sur YouTube, où l’on verrait les fameux policiers masqués - ce que la chaîne de télévision nie catégoriquement. Dans la foulée, le vice-président du parti, Abdul Raheem Abdulla, a une fois de plus appelé à la fermeture de la chaîne, une première fois suspendue début février sous la pression des autorités.


“Nous appelons les autorités à libérer immédiatement les deux journalistes, dont la détention est prolongée sans qu’aucun élément concret n’ait été apporté pour alimenter l’instruction, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Les autorités doivent cesser de harceler Raajje TV au prétexte que le média ne suit pas la ligne du président Yameen. Alors que le pays est sous le joug de l’état d’urgence prolongée, le respect de la liberté de la presse est le meilleur moyen pour sortir d’une crise qui s’inscrit maintenant dans la durée, dans un esprit d’intérêt général.”


Depuis l’éclatement de la crise politique aux Maldives début février, la chaîne Raajje TV est la cible de pressions répétées du gouvernement, avec plusieurs arrestations musclées de ses journalistes, ainsi que des menaces de violence. Sur les réseaux sociaux, les propos du vice-président du parti au pouvoir ont été suivis par des menaces d’incendie des locaux de la station.


Les Maldives se situent à la 117ème place sur 180 pays dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2017.

Publié le
Updated on 23.08.2019