Malaisie : RSF condamne le renversement d’une décision de justice en faveur du site d’information Malaysiakini
La Cour d’appel de Malaisie a condamné à une lourde amende le portail d’information indépendant Malaysiakini, renversant un jugement en première instance qui était initialement favorable au site. A six mois des élections générales, RSF s’inquiète des pressions exercées par le gouvernement malaisien à l’encontre des médias indépendants du pays.
Malaysiakini, le principal site d’information indépendant du pays, a été condamné le 12 janvier par la Cour d’appel du pays à verser une amende cumulée de près de 350.000 RM (75.000 euros) pour diffamation contre une entreprise minière australienne installée dans le Pahang, au centre de la Malaisie. Le jugement en première instance avait d’abord donné raison à Malaysiakini. Et pour cause, le groupe australien, soutenu par le gouvernement de Kuala Lumpur, reprochait simplement aux journalistes d’avoir participé à une conférence de presse organisée par les riverains d’un site d’exploitation minière, dans le but de sensibiliser le public aux ravages sanitaires du cyanure de sodium utilisé pour l’extraction.
“Il est totalement inacceptable et disproportionné que des journalistes soient poursuivis pour avoir assisté à une conférence de presse d’intérêt public, dénonce Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Depuis plusieurs mois, la Cour d’appel de Malaisie intervient régulièrement dans des affaires pour renverser des décisions favorables aux médias en première instance. Le nombre et la nature des jugements pris font douter de l’impartialité de la Cour. Les autorités malaisiennes doivent cesser de recourir à cette instance judiciaire dans le simple but de museler les journalistes trop curieux.”
Le bénéficiaire effectif de la société minière est un proche de la Barisan Nasional, la coalition au pouvoir à Kuala Lumpur. Selon des observateurs, le gouvernement de Najib Razak serait à l’initiative de ce renversement de la décision de justice en première instance de la Haute Cour, dans une tentative d’intimidation des médias indépendants à l’approche des élections législatives d’août prochain.
La Malaisie se classe à la 144ème place sur 180 pays dans le Classement mondial pour la liberté de la presse établi par RSF en 2017.