Mémorial des reporters de Bayeux : hommage aux 40 journalistes tués

Lors d’une cérémonie d’hommage ce jeudi 12 octobre, la stèle 2023 du mémorial des reporters de Bayeux, en France, a été dévoilée par la directrice éditoriale de Reporters sans frontières (RSF), Anne Bocandé, en présence de familles et de proches de journalistes tués dans l'exercice de leurs fonctions. 

 

La stèle 2023 du mémorial des reporters de Bayeux, sur laquelle ont été gravés quarante nouveaux noms de journalistes qui ont payé de leur vie leur mission d’information, a été dévoilée ce jeudi 12 octobre, dans le cadre de la 30e édition du prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre.

“Mourir ne fait pas partie des risques acceptables du métier. Leurs noms ne devraient pas être gravés ici, nous ne devrions pas être là. Ces journalistes s’étaient donné pour devoir envers nous tous, de nous informer, et par là même de créer du lien, de faire ‘média’, et, en somme, de nous rappeler notre humanité commune. Chacun de ces 40 journalistes avait le droit à la vie, avait une histoire à raconter, des rêves à poursuivre, des familles qui les aimaient et qui continuent de pleurer leur perte.

Anne Bocandé
Directrice éditoriale de RSF

La mère et le frère d’Arman Soldin, vidéaste de l’Agence France Presse (AFP) tué par des tirs de roquettes, le 9 mai 2023, en couvrant le guerre en Ukraine, près de Bakhmout, étaient présents. Dans son émouvant témoignage, Sven Soldin a évoqué la nature “solaire” et déterminée de son grand frère journaliste : Je voyais en Arman une détermination, une volonté sans limite. Quelqu’un qui brisait toutes les barrières devant lui. C’était pour moi ma plus grande source d’inspiration.” 

Une détermination qui était également l'un des traits de caractère du journaliste Dom Phillips, qui a été tué, en juin 2022, alors qu’il enquêtait sur la pêche illégale en Amazonie. “Dom n’était pas un soldat, c’était un auteur, un journaliste, a témoigné la soeur du reporter, Sian Phillips. Ce n’est que le 6 juin 2022, que j’ai appris que Dom était un journaliste de guerre, et je l’ai appris de la manière la plus horrible qui soit, par la nouvelle de sa disparition. Elle a aussi insisté sur le combat qui est le sien aujourd’hui, celui de lutter contre l’impunité face à ce crime : “Dix-sept mois se sont écoulés depuis son assassinat, et le Brésil a un nouveau président, mais la destruction de l’Amazonie continue et la violence qui a tué Dom et Bruno aussi. Notre famille attend que justice soit rendue.”

Le président du jury de la 30e édition du prix Bayeux des correspondants de guerre, le grand photographe Don McCullin a, lui, partagé son expérience de journaliste. En 60 ans de carrière, il a vu nombre de ses amis journalistes tués sur des théâtres de guerre ou assassinés. Un trop lourd prix à payer pour nous informer, a-t-il rappelé.  

Inauguré en 2006, le Mémorial des reporters de Bayeux a été construit en partenariat avec RSF et a pour but d’honorer la mémoire des journalistes et reporters tués lors de conflits ou assassinés dans le cadre de leur travail.

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