Lorsque la police s’en prend aux enfants des défenseurs de la liberté d’expression. Le fils de Taoufik Ben Brik, dernier exemple en date

Le 8 décembre 2010, alors qu’il se rendait au collège, Ali Ben Brik, fils du poète et journaliste Taoufik Ben Brik, a été pris à partie par deux policiers en uniforme noir, en face du poste de police d'Ennasr 2, à Tunis. Après lui avoir demandé de décliner son identité, ils ont menacé de l'emmener de force à la caserne pour lui raser les cheveux et l'enrôler pour le service militaire. Au moment de partir, les agents de police lui ont signifié qu'ils l'attendraient le lendemain matin au même endroit à la même heure, et qu'il n'aurait aucun moyen de leur échapper. Insulté et menacé verbalement, Ali, 14 ans, a aujourd’hui peur de se rendre seul à l’école. Le 9 décembre, Azza Zarrad, épouse de Taoufik Ben Brik, a contacté le commissariat de Ennasr 2 pour porter plainte. « Après avoir accepté d’enregistrer la plainte, le commissaire est revenu sur sa position, en disant qu’il n’y avait pas de « tuniques noires » dans le quartier », a déclaré Taoufik ben Brik à Reporters sans frontières. En Tunisie, il est courant que les autorités s’en prennent aux familles des militants et défenseurs de la liberté d’expression. C’est le cas notamment de la femme du journaliste Fahem Boukadous, Afef Bennaceur, qui est quotidiennement harcelée par la police. On ne compte plus le nombre de passeports refusés (ou dont les renouvellements sont retardés) pour des enfants dont le seul crime est d’être les fils ou filles de défenseurs des droits de l’homme. Mais il semblerait que ce soit la première fois que des « tuniques noires », policiers rattachés à la présidence de la République, s’en prennent à un mineur. Reporters sans frontières est indignée par l'attitude des autorités tunisiennes. Le recours à de telles pratiques est inacceptable. L'organisation exige l'arrêt des menaces et des pressions exercées sur l’ensemble des journalistes et membres de leurs familles.
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Updated on 20.01.2016