A l'occasion du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense, des journalistes se mobilisent pour accélérer les recherches de Fred Nérac, disparu en Irak depuis 58 jours

Lors de l'arrivée des ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense, ce matin, le 19 mai 2003 à Bruxelles, le seul journaliste qui portait une caméra sur l'épaule était Fred Nérac, disparu en Irak depuis 58 jours. Une trentaine de journalistes qui couvraient l'ouverture du Conseil des ministres européens ont déposé à terre leurs caméras, microphones et appareils photo pour protester contre la passivité des autorités britanniques et exprimer leur solidarité avec Fabienne Nérac, la femme du cameraman de la chaîne britannique ITN, disparu avec l'interprète libanais Hussein Othman, le 22 mars 2003, près de Bassorah. Ils tenaient six portraits de grande taille représentant Fred Nérac avec une caméra sur l'épaule. A leur arrivée, Fabienne Nérac a donné aux ministres une lettre, également signée de Reporters sans frontières, demandant "de manière urgente : Premièrement, de faire pression sur les autorités anglaises et américaines pour effectuer au plus vite les recherches et interroger les prisonniers de guerre du camp de Oum Qasr. Tous les jours, nombre d'entre eux sont relâchés. Plus le temps passe, plus les témoignages s'effritent. Deuxièmement, de faire pression pour que le gouvernement français et le gouvernement britannique, en tant que membres de l'Union européenne, coordonnent leurs actions pour apaiser l'inacceptable souffrance de l'épouse et des enfants de Fred Nérac en activant les recherches." Geoff Hoon, le ministre britannique de la Défense, a refusé de prendre la lettre que lui tendait Fabienne Nérac. Michèle Alliot-Marie, la ministre française de la Défense, a, quant à elle, pris Mme Nérac dans ses bras, lui promettant d'évoquer ce dossier avec son homologue britannique. M. Papandréou, le ministre grec des Affaires étrangères qui assure la présidence du Conseil, a ouvert la session en lisant à voix haute la demande de Fabienne Nérac et de Reporters sans frontières. Lors d'une conférence de presse à Paris, le 16 mai 2003, ITN a réclamé des Britanniques l'ouverture d'une enquête officielle jusqu'ici refusée par Londres. "Nous n'avons pas besoin de diplomates mais de policiers qui enquêtent sur place", a déclaré Nick Walshe, responsable du service international d'ITN et chargé de l'enquête. Fabienne Nérac a demandé à rencontrer le Premier ministre britannique Tony Blair, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Jack Straw. Le 22 mars 2003, près de Bassorah au sud de l'Irak, une équipe de quatre journalistes de la chaîne indépendante britannique ITN ont été pris sous des tirs, probablement en provenance des Marines américains. Le correspondant Terry Lloyd, 51 ans, a été tué, et le cameraman belge Daniel Demoustier blessé. Deux de leurs collègues - Frédéric Nérac, cameraman de nationalité française, et Hussein Othman, interprète de nationalité libanaise - ont disparu depuis ce jour.
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Updated on 20.01.2016