Liu Xiaobo, un combat exemplaire contre la censure
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Liu Xiaobo, ancien professeur de philosophie à l'université de Pékin, a une idée fixe : la presse chinoise doit devenir un contre-pouvoir à l'omnipotence du Parti communiste chinois. C'est pourquoi, il se bat sans relâche pour le principe universel de la liberté de la presse, demande la libération des journalistes et des dissidents emprisonnés, et publie des pamphlets sur Internet ou dans les journaux de Hong Kong et de la diaspora chinoise. Tout cela au risque de sa liberté.
Après avoir défendu publiquement le mouvement démocratique des étudiants de juin 1989, Liu Xiaobo, aujourd'hui âgé de 49 ans, a passé deux ans en prison. Il a également été condamné à trois ans de rééducation par le travail en 1996 pour avoir contesté le rôle du Parti unique. Plus récemment, en mai 2004, la police politique a coupé son Internet et son téléphone après la publication d'un essai critiquant la charge de « subversion » utilisée contre les journalistes et les dissidents. Il réside toujours à Pékin et les autorités lui refusent systématiquement un passeport malgré les invitations répétées d'universités nord-américaines. Liu Xiaobo est également le président de l'Association des écrivains indépendants, seule du genre en Chine. En octobre 2004, à Pékin, il a organisé, malgré les menaces, une réunion publique d'intellectuels démocrates.
Dans un texte pour Reporters sans frontières en mars 2004, Liu Xiaobo écrivait : « Les médias électroniques à l'intérieur du pays et à l'étranger permettent de briser la censure du Parti communiste chinois. (…) Même si le Parti édicte des lois de plus en plus sévères contre Internet et alors que les technologies de contrôle s'améliorent sans arrêt, il (le pouvoir) ne pourra jamais contrôler ou censurer complètement Internet. (…) Dans ce jeu d'interdiction et de contre-interdiction, l'espace d'expression du peuple s'agrandit millimètre par millimètre. Plus le peuple avance, plus les autorités reculent. Le temps n'est plus loin où la frontière de la censure pourra être franchie et où la liberté d'expression deviendra une exigence publique du peuple.»
Les journalistes et les intellectuels réformistes dans le collimateur des autorités
Depuis quelques mois, les autorités chinoises et le Département de la propagande mettent en œuvre une large politique de sanctions et de harcèlement à l'égard des journalistes et des intellectuels réformistes. L'objectif est clair : contrôler la presse, limiter l'influence d'Internet et faire taire les voix politiques dissidentes. Censure, arrestations, interpellations, intimidations, licenciements, le gouvernement de Wen Jiabao utilise tous les moyens possibles.
Le 13 décembre 2004, trois écrivains, dont Yu Jie et Liu Xiaobo, ont passé la nuit en garde à vue après avoir été interpellés par la police de Pékin. Les autorités leur reprochent de porter atteinte à la sécurité de l'Etat, par l'intermédiaire des articles qu'ils publient régulièrement sur Internet. Elles leur ont fortement conseillé d'arrêter d'écrire, leur affirmant qu'ils se trouvaient déjà dans des situations extrêmement dangereuses. Les données contenues dans l'ordinateur de Yu Jie ont été intégralement copiées, tandis que celui de Liu Xiaobo a été confisqué. Leurs deux domiciles sont placés sous surveillance policière.
Le 24 novembre, le poète et journaliste Shi Tao a été arrêté. Sa famille, qui ne peut lui rendre visite, ignore encore les réels motifs de sa détention.
Toujours en novembre, Yu Jie et cinq autres commentateurs politiques (Jiao Guobiao, Li Rui, Wang Yi, Mao Yushi et Yao Lifa) ont été interdits de publication dans la presse d'Etat par le Département de la propagande. L'expression d' « intellectuels publics », qui renvoie aux intellectuels inquiets du sort des plus déshérités et qui s'engagent publiquement pour défendre la justice sociale, est désormais interdite dans la presse d'Etat.
Par ailleurs, deux journalistes ont été licenciés. Le 23 novembre, Wang Guangze, de retour des Etats-Unis où il avait participé à un séminaire et prononcé un discours intitulé « Le développement et les évolutions possibles de l'écologie politique en Chine à l'époque d'Internet », a appris son licenciement du bihebdomadaire Ershiyi shiji jingji baodao (The 21st Century Business Herald). Xiao Weibin, rédacteur en chef du magazine Thong Zhou Gong Jin (« Etre solidaire dans le même bateau »), a quant à lui été licencié le 2 septembre pour avoir publié une interview d'un ancien responsable du PCC à Canton dans laquelle ce dernier se prononçait en faveur de réformes politiques et dénonçait la censure appliquée par les autorités aux journaux et à Internet.
Le combat contre la censure et en faveur de la défense de la liberté d'expression en Chine populaire, incarné notamment par un intellectuel tel que Liu Xiaobo, n'a jamais été autant d'actualité. A l'heure où se développent les relations, notamment économiques, entre la France et la Chine (visite de Jacques Chirac en Chine début octobre) et entre l'UE et la Chine (somment UE - Chine à la Haye le 8 décembre), il est plus que jamais temps de faire pression sur le gouvernement chinois pour que cessent la répression à l'encontre des journalistes et des intellectuels réformistes.
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Updated on
20.01.2016