L'Internet toujours coupé : Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent le black-out de l'information sur le sort des moines et des civils prisonniers

Si les téléphones fixes et certains portables continuent de fonctionner, l'absence totale d'Internet dans le pays rend de plus en plus difficile l'envoi d'images pour témoigner de la situation à Rangoon et dans le reste du pays. Le sort des milliers de prisonniers d'opinion est de fait passé sous silence. Reporters sans frontières et la Burma Media Association appellent les médias internationaux à tenter par tous les moyens de briser ce black-out sur l'information, notamment sur le sort des détenus qui risquent la torture. Les deux organisations demandent également à l'émissaire des Nations unies, Ibrahim Gambari, de dénoncer publiquement les mesures prises par la junte militaire à l'encontre de la libre circulation de l'information. Après avoir restauré Internet pendant quelques heures, le samedi 29 septembre, les autorités ont de nouveau coupé le pays du reste du Web mondial. Dans l'après-midi du même jour, des militaires ont pris position autour du principal fournisseur d'accès, Infotech (dont le site /www.myanmarinfotech.com.mm est hors d'usage comme tous les sites .mm). L'autre fournisseur d'accès Myanmar Teleport, auparavant connu sous le nom de Bagan Cyber (www.bagan.net.mm ), est toujours fermé. Apparemment, seuls les fonctionnaires, après avoir fait vérifier la nature des documents qu'ils veulent envoyer, ont le droit d'utiliser Internet au sein du bâtiment du Département des Postes et Télécommunications, contrôlé par des militaires. « La censure préalable militaire, appliquée à la presse, s'applique maintenant à Internet. C'est un cas unique au monde de contrôle a priori de toutes les informations par Internet », ont dénonce les deux organisations. Ainsi, aucune image n'a été diffusée sur le sort des 700 moines détenus par les militaires, sur la situation des centaines de civils incarcérés, et notamment des dirigeants de la Génération 88, sur le sort d'Aung San Suu Kyi et d'une dizaine d'autres dirigeants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), sur la situation à l'intérieur des monastères contrôlés par l'armée, sur la prison d'Insein (au nord de l'ancienne capitale) où sont détenus des centaines de prisonniers d'opinion. En raison du quadrillage de la ville, aucun journaliste n'a pu vérifier si les centaines de moines étaient bel et bien détenus dans l'un des Instituts technologiques de Rangoon ou dans un champ de courses désaffecté. Selon le site Irrawaddy, le responsable d'un monastère a affirmé que les moines avaient été contraints de quitter leur robe et seraient habillés en prisonnier. Ce black-out de l'information entretient de nombreuses rumeurs sur le nombre de victimes et les divisions au sein du régime. « Il ne faut ni croire la propagande du régime, ni les rumeurs folles qui courent dans le pays », a expliqué un journaliste birman basé à Rangoon.
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Updated on 20.01.2016